Explorez l'univers des jeux vidéo avec des articles détaillés, des présentations de plateformes de jeux, et des fiches sur les principaux acteurs de l'industrie vidéoludique, des fabricants aux studios de développement.
Lire plusMega Drive ou Sega Genesis (console de jeux vidéo - histoire, date de sortie, fiche technique, ventes totales)
Sommaire
La Mega Drive ou Sega Genesis, commercialisée en 1988, est une console de jeux vidéo de 4e génération : histoire de son développement et de sa commercialisation, description, caractéristiques techniques, jeux notables, galerie photos et vidéos.
Histoire de la Mega Drive (Sega Genesis)
Développement et contexte de création
Forte de l’expérience acquise avec la Master System mais consciente de ses difficultés à s’imposer sur le marché mondial, Sega engage dès 1986 le développement d’un successeur plus ambitieux. Le projet, dirigé par Masami Ishikawa et supervisé par Hideki Sato, vise à doter la société d’une console capable de rivaliser à la fois avec les micro-ordinateurs et les nouvelles machines concurrentes. L’arrivée du PC Engine de NEC en 1987, doté de capacités graphiques avancées et soutenu par une campagne marketing agressive, incite Sega à accélérer ses travaux. L’équipe d’ingénieurs choisit alors de tirer parti de l’expertise de la société dans le domaine de l’arcade en adaptant l’architecture de la carte Sega System 16 à un format domestique. Ce choix, audacieux, marque l’entrée de Sega dans l’ère du 16 bits.
Le développement du nouveau système, baptisé Mega Drive au Japon, repose sur l’utilisation d’un processeur Motorola 68000, épaulé par un Zilog Z80 pour la gestion sonore, une combinaison inspirée des bornes d’arcade. Ce choix technique positionne la future console comme une machine puissante, tournée vers la fluidité et la richesse visuelle des jeux d’arcade. L’esthétique de l’appareil, conçue par une équipe dirigée par Mitsushige Shiraiwa, s’inspire des équipements hi-fi et automobiles afin de conférer à la console une apparence sobre et mature, destinée à séduire un public plus large que celui des enfants visés par la Famicom. L’inscription dorée « 16-BIT » apposée sur la façade devient le symbole d’une puissance nouvelle, annonçant l’entrée de Sega dans une nouvelle ère technologique.
Commercialisation et réception initiale
La Mega Drive est officiellement annoncé dans le magazine japonais Beep! en juin 1988 sous le nom provisoire de Mark V. Après plus de 300 propositions de noms, la direction de Sega retient « Mega Drive », jugé plus percutant et plus international. La console sort le 29 octobre 1988 au Japon, mais son lancement est éclipsé par la sortie, une semaine plus tôt, du très attendu Super Mario Bros. 3 de Nintendo. Malgré une couverture positive de la presse spécialisée, notamment dans Famitsu et Beep!, et un premier stock écoulé en deux jours, Sega ne parvient à livrer que 400 000 unités la première année. Plusieurs périphériques sont annoncés pour enrichir l’écosystème de la console, tels que le système de messagerie et de banque en ligne Sega Mega Anser, mais ces innovations ne suffisent pas à rattraper le retard face à la Famicom (Nintendo) et au PC Engine.
En Amérique du Nord, la console est renommée Genesis – un nom choisi par David Rosen pour symboliser une « nouvelle naissance » pour Sega – et commercialisée en septembre 1989. Après l’échec de son partenariat avec Tonka pour la Master System, Sega of America décide de prendre en main la distribution et le marketing de sa nouvelle machine. Le lancement est soutenu par une campagne publicitaire ambitieuse, centrée sur la promesse d’une expérience « arcade à la maison ». L’année suivante, la console fait son entrée en Europe (septembre 1990), distribuée par Virgin Mastertronic. Le catalogue de lancement comprend notamment Space Harrier II, Golden Axe, Ghouls’n Ghosts et The Revenge of Shinobi, des titres emblématiques du savoir-faire arcade de Sega. En quelques mois, la Mega Drive s’impose dans plusieurs pays européens, notamment au Royaume-Uni et en France, grâce à une image de console haut de gamme et à un marketing ciblé.
Dans les autres régions, Sega s’appuie sur des partenaires locaux : Ozisoft en Australie, Tectoy au Brésil, où la console rencontre un immense succès, ou encore Samsung en Corée du Sud, qui la distribue sous les noms Super Gam*Boy puis Super Aladdin Boy. Cette stratégie de licences permet à Sega d’étendre sa présence mondiale tout en limitant ses coûts logistiques.
Stratégie marketing et percée internationale
Pour percer sur le marché américain, Sega confie la direction de Sega of America à Michael Katz, ancien responsable chez Atari. Celui-ci met en place une stratégie de confrontation directe avec Nintendo, articulée autour du slogan devenu mythique : « Genesis does what Nintendon’t ». La communication, volontairement provocatrice, vise à positionner la Genesis comme la console des adolescents et des amateurs de sensations fortes, en contraste avec l’image plus familiale de la NES. Katz mise également sur des licences sportives et de célébrités pour donner de la visibilité à la console : Joe Montana Football, Michael Jackson’s Moonwalker ou encore Pat Riley Basketball. Malgré ces efforts, les ventes initiales restent décevantes, avec environ 500 000 unités vendues la première année, loin de l’objectif d’un million fixé par Hayao Nakayama.
En 1990, Nakayama remplace Katz par Tom Kalinske, ancien dirigeant de Mattel. Ce dernier élabore une stratégie audacieuse : baisser le prix de la console, intensifier la publicité, créer une équipe américaine de développement de jeux adaptés au public occidental et remplacer le jeu inclus Altered Beast par un nouveau titre phare, Sonic the Hedgehog. Malgré les réticences initiales du siège japonais, Nakayama lui donne carte blanche. Le succès est immédiat : Sonic devient un phénomène culturel et un symbole de modernité, incarnant la vitesse et l’attitude « cool » de Sega. À la fin de 1991, la Mega Drive/Genesis surpasse la Super Nintendo Entertainment System (SNES) sur le marché nord-américain, avec 65 % de parts du marché 16 bits. Pour la première fois depuis 1985, Nintendo perd sa position dominante.
Les années suivantes confirment cette dynamique. Sega maintient son avance pendant quatre Noëls consécutifs grâce à un catalogue diversifié, une politique tarifaire agressive et une communication audacieuse jouant sur des notions de puissance et de « blast processing ». En 1993, la Genesis propose plus de 250 jeux contre 75 sur la SNES, un avantage décisif dans la perception du public. Des franchises comme Streets of Rage, Phantasy Star II, Golden Axe ou Shinobi participent à forger l’identité de la console, entre héritage arcade et créativité occidentale. Les campagnes publicitaires de Sega, souvent provocatrices et stylisées, s’adressent directement aux adolescents, tandis que des études révèlent qu’une majorité de joueurs masculins préfèrent revendiquer posséder une Genesis plutôt qu’une SNES.
Réception par la presse et le public
À sa sortie, la Mega Drive est saluée par la presse spécialisée japonaise pour la qualité de ses graphismes et la fidélité de ses adaptations d’arcade. En Occident, les magazines soulignent la fluidité de son affichage et la richesse de son catalogue. Son image de « console des joueurs » s’oppose à celle, plus familiale, de Nintendo. Les campagnes marketing agressives de Sega, associées à une ligne éditoriale orientée vers la performance et le dynamisme, contribuent à instaurer une véritable rivalité culturelle entre les deux marques, qui marquera durablement l’histoire du jeu vidéo.
Cette réussite commerciale et médiatique, notamment en Amérique du Nord, en Europe et au Brésil, assure à Sega une position dominante dans l’industrie au début des années 1990. La Mega Drive devient la console la plus vendue de la génération 16 bits pendant plusieurs années, avant que la situation ne s’inverse avec l’arrivée de titres phares sur SNES comme Donkey Kong Country. Au total, Sega écoulera environ 35,25 millions d’unités dans le monde, dont près de 18 millions en Amérique du Nord, 8 millions en Europe et 3,6 millions au Japon. La Mega Drive reste aujourd’hui considérée comme la console emblématique de Sega, celle qui a permis à l’entreprise d’atteindre son apogée et de rivaliser, pour la première fois, avec Nintendo sur son propre terrain.
Fiche technique de la Mega Drive (Sega Genesis)
La Sega Mega Drive (connue sous le nom de Genesis en Amérique du Nord) repose sur une architecture 16/32 bits articulée autour du processeur principal Motorola 68000 cadencé à 7,6 MHz, épaulé par un coprocesseur Zilog Z80 à 3,58 MHz dédié au contrôle audio et à la compatibilité avec la Master System. La console dispose de 64 Ko de RAM, de 64 Ko de VRAM et de 8 Ko de RAM audio.
L’affichage est assuré par le processeur vidéo dérivé du système d’arcade Sega System 16, capable d’afficher jusqu’à 61 couleurs simultanément à partir d’une palette de 512. Le rendu sonore combine la synthèse FM du Yamaha YM2612 et le générateur de sons Texas Instruments SN76489, offrant une restitution stéréo de haute qualité. Les jeux sont distribués sur cartouches ROM insérées sur le dessus de la console. La Mega Drive se distingue également par de nombreux périphériques et extensions, ainsi que par ses services en ligne expérimentaux tels que le Sega Meganet, le Sega Channel et le XBAND.
Mega Drive (Sega Genesis)Caractéristiques techniquesFabricant : Sega Enterprises, Ltd. |
||||
|---|---|---|---|---|
| © SPHERAMA.COM | ||||
| Processeur principal | Motorola 68000 (16/32 bits) ; 7,6 MHz | |||
| Coprocesseur | Zilog Z80 (8 bits) ; 3,58 MHz — gère le son et la compatibilité Master System | |||
| Mémoire vive (RAM) | 64 Ko | |||
| Mémoire vidéo (VRAM) | 64 Ko | |||
| Mémoire audio | 8 Ko | |||
| Résolution d’affichage | 320 × 224 ou 256 × 224 (NTSC) ; 320 × 240 ou 256 × 240 (PAL) | |||
| Résolution entrelacée | 320 × 448 ou 256 × 448 (NTSC) ; 320 × 480 ou 256 × 480 (PAL) | |||
| Palette de couleurs | 512 couleurs (61 affichables simultanément) | |||
| Audio | Yamaha YM2612 (synthèse FM à 6 canaux) + Texas Instruments SN76489 (PSG) ; sortie stéréo | |||
| Format des médias | Cartouches ROM (jusqu’à 4 Mbits, voire davantage sur les dernières productions) | |||
| Autres formats pris en charge | Jeux Master System via l’adaptateur Power Base Converter / Master System Converter | |||
| Stockage interne (ROM système) | ROM de démarrage minimale (Boot ROM) | |||
| Stockage externe / amovible | Aucun stockage intégré ; sauvegarde possible sur cartouches ou périphériques externes | |||
| Périphériques | Manette 3 boutons / 6 boutons ; Power Base Converter ; Menacer ; Mega Mouse ; Activator ; multitaps Team Player et 4 Way Play | |||
| Services en ligne | Sega Meganet ; Sega Channel ; XBAND | |||
| Alimentation électrique | Entrée : 100–240 V AC ; Sortie : 9–10 V DC, 850 mA (adaptateur secteur) | |||
En complément de sa console, Sega propose plusieurs extensions matérielles destinées à prolonger la vie de la Mega Drive et à élargir ses capacités. La première, le Mega-CD (ou Sega CD en Amérique du Nord), lancée en 1991 au Japon, exploite le support CD-ROM afin d’offrir des jeux plus vastes, agrémentés de séquences vidéo et de musiques de meilleure qualité. Doté d’un second processeur, de mémoire additionnelle et de fonctions de rotation et de zoom inspirées de l’arcade, il permet également la sauvegarde de données sur mémoire interne. Malgré un accueil initial favorable, son prix élevé et la faible qualité de nombreux jeux en full motion video limitent son succès commercial. Le second module, le 32X, introduit en 1994, ajoute deux processeurs 32 bits SH-2 développés avec Hitachi, afin de proposer une transition abordable vers la 3D. Cependant, la sortie concomitante de la Saturn entraîne une confusion du public et un soutien réduit des éditeurs, menant à un abandon rapide de l’accessoire dès 1996.
La Mega Drive connaît par ailleurs de nombreuses déclinaisons. En 1993, Sega commercialise la Mega Drive II, plus compacte et économique, tandis que divers partenaires produisent des versions hybrides ou spécialisées : la Wondermega de JVC, la CDX (ou Multi-Mega) combinant console et lecteur CD portable, ou encore le TeraDrive intégrant un ordinateur IBM PC. Certaines marques, comme Amstrad ou Aiwa, conçoivent même leurs propres modèles licenciés. Après l’arrêt de production officiel, Majesco lance en 1998 la Genesis 3, une version allégée et bon marché destinée au marché nord-américain, confirmant la longévité exceptionnelle de la plateforme de Sega dans l’histoire du jeu vidéo.
Jeux notables de la Mega Drive (Sega Genesis)
La ludothèque de la Mega Drive est d’abord modeste à son lancement, mais s’étoffe rapidement pour couvrir tous les genres et satisfaire un large public. Commercialisée initialement avec Altered Beast, la console adopte dès 1991 Sonic the Hedgehog comme jeu fourni, titre emblématique qui contribue à définir l’identité de Sega et à renforcer sa notoriété internationale. Avec sa suite Sonic the Hedgehog 2 et le très populaire Aladdin de Disney, ces jeux figurent parmi les plus grandes réussites commerciales de la machine. Tandis que Sega of Japan privilégie les jeux d’action hérités de l’arcade, Sega of America se spécialise dans les titres de sport, à l’image de Joe Montana Football. La Mega Drive se distingue par sa capacité à reproduire chez soi l’expérience des salles d’arcade, tout en offrant des productions plus exigeantes telles qu’Ecco the Dolphin.
Consciente de la maturité croissante de son public, Sega se démarque également de sa concurrente, la Super Nintendo, en accueillant des jeux au ton plus adulte, comme la version non censurée de Mortal Kombat. Cette ouverture à des contenus variés, soutenue par le dynamisme d’éditeurs tiers comme Electronic Arts — qui impose sa marque EA Sports grâce à la Mega Drive — contribue à enrichir un catalogue dépassant les 900 jeux au total, dont certains titres non licenciés ou distribués exclusivement par le service Sega Channel entre 1994 et 1998.
Jeux notables de la Mega Drive (Sega Genesis) |
|||
|---|---|---|---|
| Titre | Développeur | Éditeur | Date de sortie |
| © SPHERAMA.COM | |||
| Altered Beast | Sega AM1 | Sega | 1988 |
| Comix Zone | Sega Technical Institute | Sega | 1995 |
| Disney's Aladdin | Virgin Games USA | Sega / Virgin Interactive | 1993 |
| Ecco the Dolphin | Novotrade International | Sega | 1992 |
| Golden Axe | Sega AM1 | Sega | 1989 |
| Joe Montana Football | BlueSky Software | Sega | 1990 |
| Mortal Kombat | Probe Software | Acclaim Entertainment | 1993 |
| Phantasy Star IV | Sega | Sega | 1993 |
| Pulseman | Game Freak | Sega | 1994 |
| Sonic the Hedgehog | Sonic Team | Sega | 1991 |
| Sonic the Hedgehog 2 | Sonic Team | Sega | 1992 |
| Street Fighter II’: Special Champion Edition | Capcom | Capcom | 1993 |
| Streets of Rage | Sega AM7 | Sega | 1991 |
| Streets of Rage 2 | Sega AM7 | Sega | 1992 |
| Virtua Racing | Sega AM2 | Sega | 1994 |
Jeux non licenciés ou exclusifs du Sega Channel
Outre son catalogue officiel, la Mega Drive a accueilli plusieurs titres distribués en dehors du circuit classique, notamment via le service en ligne Sega Channel, actif aux États-Unis de 1994 à 1998. Certains de ces jeux, tels que Pulseman ou Mega Man : The Wily Wars, sont aujourd’hui considérés comme des pièces incontournables du catalogue de la console. Par ailleurs, la Mega Drive a également vu paraître des jeux non licenciés par Sega, publiés par des studios indépendants ou des éditeurs tiers avant ou après la fin de la production officielle de la machine. Ces titres illustrent la longévité et la vitalité de la scène Mega Drive, bien au-delà de sa période commerciale initiale.
Jeux notables du Sega Channel |
|||
|---|---|---|---|
| Titre | Développeur | Éditeur | Date de sortie |
| © SPHERAMA.COM | |||
| Ballz 3D | PF.Magic | Accolade | 1994 |
| Battle Mania Daiginjō | Vic Tokai | Vic Tokai | 1993 (Japon uniquement) |
| Beggar Prince | C&E Inc. | Super Fighter Team | 2006 |
| Earthworm Jim 2 (version Sega Channel) | Shiny Entertainment | Playmates Interactive | 1995 |
| Hard Drivin’ (cartouche sans licence Sega) | Domark | Tengen | 1991 |
| Mega Man: The Wily Wars | Minakuchi Engineering | Capcom / Sega | 1994 |
| Pier Solar and the Great Architects | WaterMelon | WaterMelon | 2010 |
| Pulseman | Game Freak | Sega | 1994 |
| Wisdom Tree Collection (ex. Bible Adventures, Joshua & the Battle of Jericho) | Wisdom Tree | Wisdom Tree | 1994–1995 |
| Zool | Gremlin Graphics | Electronic Arts | 1993 |
