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L'axolotl, également connu sous le nom scientifique Ambystoma mexicanum, est une espèce fascinante d'animal amphibie appartenant à la famille des Ambystomatidae. Originaire des lacs et canaux de Mexico, cet être étonnant est devenu emblématique pour sa capacité unique de régénération et sa morphologie singulière.
Description et caractéristiques de l'axolotl
Le mot axolotl trouve ses origines dans la langue nahuatl, se traduisant littéralement par « monstre d'eau ». Étymologiquement, il est formé de atl (signifiant « eau », et de xolo (« monstre »). En espagnol mexicain, le terme a évolué vers ajolote, emprunté au nahuatl qui fait référence aux lacs en altitude. L'axolotl se distingue effectivement par sa morphologie singulière, avec un corps trapu, des branchies externes et des membres palmés. Sa couleur peut varier, allant du brun foncé parfois bleuté au noir, en passant par des teintes de gris et même d'albinisme (qui n'existe qu'en captivité) avec des yeux rouges perçants et une peau blanche ou parfois dorée.
Une fois parvenu à maturité, l'axolotl atteint une taille variant de 15 à 33 cm. | © Bureau of Land Management Montana and Dakotas.
Une fois parvenu à maturité, généralement entre 18 et 24 mois, l'axolotl atteint une taille variant de 15 à 33 cm, avec une moyenne autour de 25 cm, bien que rarement certains individus dépassent les 30 cm. En captivité, la plupart mesure environ 20 cm. Les caractéristiques physiques incluent des sillons costaux visibles à la fois chez les larves et les adultes. À l'état larvaire, ils présentent des yeux sans paupières et des branchies ressemblant à des fougères, disposées en deux groupes de 3 de chaque côté de la tête. Contrairement aux poissons ou aux têtards, ces branchies ne sont pas internalisées. L'axolotl est équipé de poumons et peut également respirer à travers sa peau. Ses pattes avant comportent 4 doigts, tandis que les pattes arrière en ont 5.
L'axolotl est remarquable par sa capacité unique à demeurer à l'état larvaire toute sa vie, un phénomène connu sous le nom de néoténie, lui permettant ainsi de se reproduire sous cette forme, un processus appelé pédogenèse. Cette caractéristique fascinante en fait un sujet d'étude privilégié. Pendant longtemps, il a été confondu avec l'Ambystoma tigrinum, ou salamandre tigrée, que l'on croyait être sa forme adulte. Cependant, contrairement à cette dernière qui ne présente que rarement la néoténie, l'axolotl manifeste généralement ce trait dans son habitat naturel.
Mais l'une des caractéristiques les plus étonnantes de l'axolotl est sa capacité de régénération exceptionnelle. Contrairement à d'autres espèces, l'axolotl peut régénérer des membres, des organes et des parties du cerveau endommagés ou détruits tout au long de sa vie adulte. Concrètement, l'axolotl a la faculté de reconstituer non seulement un oeil perdu, mais aussi certaines régions de son cerveau en cas de dommages. Cette aptitude de régénération est à l'origine de sa célébrité et en fait un sujet d'étude précieux pour la recherche scientifique, notamment dans le domaine de la médecine régénérative. De plus, sa tolérance aux greffes est également exceptionnelle. Il est plus clair pourquoi, selon la mythologie aztèque, l'axolotl est associé au dieu du feu et de la foudre, Xolotl. Selon la légende, Xolotl se serait métamorphosé en salamandre pour échapper à un sacrifice.
Habitat, comportement et alimentation
En termes de répartition géographique, cette espèce d'amphibien est endémique des environs de Xochimilco dans le District fédéral au Mexique. Ainsi, l'habitat naturel de l'axolotl se situe principalement dans les lacs Xochimilco et Chalco qui se situent à 2 000 mètres d'altitude, au centre du Mexique. Ces zones d'eau douce fournissent un environnement idéal pour cette créature aquatique, caractérisé par des eaux calmes et peu profondes, avec une végétation aquatique abondante. Les axolotls résident également dans des « axalapascos », des cratères volcaniques emplis d'eau, souvent appelés maars. Les températures de ces lacs oscillent généralement autour de 20 °C au maximum, pouvant chuter jusqu'à 6 à 7 °C voire moins pendant l'hiver. Plus récemment, certains axolotls évoluent dans les canaux urbains de Mexico.
Le lac Xochimilco, seul habitat naturel restant de l'axolotl, se trouve dans la délégation de Xochimilco à Mexico. Autrefois l'un des cinq lacs de la vallée de Mexico, il est aujourd'hui réduit à quelques canaux.| © Fer Seelbach
La variété sauvage de l'axolotl arbore généralement une teinte sombre, due à la présence de mélanine dans sa peau, allant du noir à diverses nuances de gris. | © Stan Shebs
Vivant en solitaire, l'axolotl interagit peu avec ses semblables, sauf pendant la période de reproduction, où il utilise des signaux visuels et chimiques. Actif principalement la nuit, cet animal semble être le plus actif lors du lever et du coucher du soleil. L'axolotl est essentiellement un carnivore, se nourrissant d'une diversité de petits poissons, d'alevins, de larves, d'insectes, de têtards, de vers, de crevettes et d'autres petits crustacés d'eau douce. Son alimentation est parfaitement adaptée à son environnement aquatique et à son comportement prédateur. Doté d'une dentition rudimentaire, il saisit ses proies plutôt que de les mordre ou les déchirer, les avalant ensuite tout entières.
Reproduction et cycle de vie de l'axolotl
À l'âge de 12 à 18 mois, l'axolotl atteint sa maturité sexuelle. Ce stade est signalé par un changement de couleur à l'extrémité des « doigts » de l'axolotl, où la dernière phalange devient noire sur un individu clair et blanche sur un individu foncé. En captivité, la reproduction de cette espèce est généralement aisée. Les femelles se distinguent par leur silhouette plus ronde que celle des mâles, tandis qu'une différence notable au niveau du cloaque est observable : celui du mâle est plus volumineux.
Dans leur habitat naturel, les axolotls se reproduisent généralement de mars à juin. Le processus commence avec le mâle déposant des spermatophores sur des rochers ou des plantes, que la femelle va ensuite insérer dans son cloaque pour la fécondation des oeufs. Ensuite, après un à trois jours, la femelle pond des chapelets d'œufs qui adhèrent aux substrats. Une femelle peut pondre entre 100 et 1 500 oeufs, avec une moyenne d'environ 300. Environ 14 jours après la ponte, les oeufs éclosent. Les larves d'axolotl, autonomes dès la naissance, ont tendance à être cannibales. En captivité, les soins alimentaires pour les jeunes axolotls nécessitent souvent l'utilisation d'une micropipette.
Une femelle axolotl peut pondre 300 oeufs en moyenne.| © Henk Wallays
La majorité des axolotls peut demeurer indéfiniment au stade larvaire, ne quittant jamais le milieu aquatique. | © Crestie Crazy
Après l'éclosion, les larves se développent dans un environnement aquatique, amorçant ainsi la phase têtard. Initialement, les larves sont munies de branchies qui leur permettent de respirer sous l'eau. Cette phase peut s'étendre sur plusieurs mois, voire plusieurs années. À un certain point, la larve peut subir une métamorphose en perdant ses branchies externes pour utiliser pleinement ses poumons, lui permettant ainsi de respirer de l'air et de vivre sur terre. Cette transformation est irréversible : une fois qu'un axolotl peut vivre hors de l'eau, il ne peut plus y retourner. Cependant, il est important de noter que tous les axolotls ne subissent pas cette métamorphose. En effet, la majorité peut demeurer indéfiniment au stade larvaire (néoténie), ne quittant jamais le milieu aquatique.
Importance scientifique et menaces relatives à l'axolotl
En laboratoire, l'axolotl fait l’objet d’études en embryologie, en génétique, en neurobiologie et bien sûr en endocrinologie : il est ainsi possible de déclencher sa métamorphose par injections d’hormones ou par modifications du milieu environnemental. Leur capacité de régénération, similaire à celle des salamandres, est particulièrement étudiée, car ils peuvent régénérer des organes entiers en quelques mois. Cette régénération laisse espérer des perspectives prometteuses pour la médecine régénérative, notamment pour la cicatrisation des tissus endommagés chez les humains. De plus, les axolotls sont utilisés comme modèles de recherche pour comprendre le cancer. Leur résistance au cancer, due à leur réparation efficace de l'ADN, à leur strict contrôle cellulaire et à leur système immunitaire complexe, offre des pistes pour identifier des cibles thérapeutiques potentielles pour le traitement du cancer chez les humains.
Face d'un axolotl de type commun ou sauvage. | © b_sisko
Cependant, malgré sa fascination et son importance scientifique, l'axolotl est confronté à des menaces croissantes dans la nature. La pollution de l'eau, la perte d'habitat et la prédation par des espèces invasives sont autant de facteurs qui ont contribué au déclin de sa population dans son habitat naturel. Car, si l’axolotl se reproduit bien en captivité, étant devenu un animal relativement répandu dans les animaleries et fréquemment élevé par les amateurs, il pourrait rapidement disparaître de son milieu naturel. Le lac de Xochimilco, près de Mexico, est confronté à diverses formes de pollution et à des problèmes d'assèchement des canaux. L'introduction de gros poissons comme les tilapias a également posé un problème, ces nouveaux prédateurs représentant une menace pour l'axolotl, qui était autrefois au sommet de la chaîne alimentaire. En raison de sa renommée gastronomique depuis l'époque des Aztèques et de son utilisation dans la médecine traditionnelle, l'axolotl est parfois disponible sur les marchés locaux, accentuant ainsi la pression sur sa population déjà vulnérable.
Couple d'axolotls en captivité présentant des variations de teintes. | © Robert Röhl
L'axolotl est une espèce vulnérable selon la CITES en raison de la diminution de sa population dans la nature, accentuée par l'expansion urbaine au Mexique. En outre, il est vendu comme aliment sur les marchés locaux, perpétuant ainsi la pression sur sa population déjà fragile et témoignant de sa popularité culinaire depuis l'époque aztèque. L'UICN classe l'axolotl comme en danger critique d'extinction depuis 2006, avec une répartition géographique très limitée, couvrant moins de 10 km², et une détérioration significative de ses habitats et de ses effectifs. L'espèce demeure en danger critique, mais elle n'est pas encore officiellement éteinte à l'état sauvage. Pour sauvegarder cette espèce emblématique, diverses mesures de conservation sont en cours, incluant la création de sanctuaires et la sensibilisation du public à l'importance de préserver l'axolotl et son environnement naturel.
L'axolotl reste une merveille de la nature, avec ses capacités uniques et son rôle crucial dans la recherche scientifique. Toutefois, sa survie à long terme dépendra de nos efforts pour préserver son habitat fragile et pour lutter contre les menaces qui pèsent sur sa population dans les lacs et canaux de Mexico.
Ressources bibliographiques :
- Sally K. Frost et al., "A Color Atlas of Pigment Genes in the Mexican Axolotl (Ambystoma mexicanum)", Differentiation, vol. 26, N°1–3, 1984, pp. 182–188.
- Davy Gebel et Vincent Noël, L'axolotl - ambystoma mexicanum, Animalia Editions, 2015.
- M. Ryan Woodcock et al., "Identification of Mutant Genes and Introgressed Tiger Salamander DNA in the Laboratory Axolotl, Ambystoma mexicanum", Scientific Reports, vol. 7, N°1, 31 Jan. 2017, p. 6.
- Warren A. Vieira, et al., "Advancements to the Axolotl Model for Regeneration and Aging", Gerontology, vol. 66, N°3, 2020, pp. 212–222.
- "Ambystoma mexicanum", The IUCN Red List of Threatened Species. URL . Consulté le 25/04/2024.