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Lire plusMaster System / SG-1000 Mark III / Master System II (console de jeux vidéo - histoire, date de sortie, fiche technique, ventes totales)
Sommaire
La Master System, commercialisée en 1985, est une console de jeux vidéo de 3e génération : histoire de son développement et de sa commercialisation, description, caractéristiques techniques, jeux notables, galerie photos et vidéos.
Histoire de la Master System et de ses déclinaisons (Mark III, Master System II, Super Compact et Master System III)
Du développement de la Mark III...
La Sega Master System trouve ses origines dans le projet de première console de salon de Sega, la SG-1000, lancée au Japon le 15 juillet 1983, le même jour que la Family Computer (Famicom) de Nintendo. Cette coïncidence symbolique marque le début d’une rivalité historique entre les deux entreprises. À cette époque, Sega est principalement connue pour ses bornes d’arcade, et la SG-1000 représente une tentative ambitieuse de transposer son savoir-faire vers le marché domestique. Toutefois, face au succès immédiat de la Famicom et à ses propres moyens plus limités, la console peine à s’imposer.
En 1984, dans un contexte de réorganisation industrielle, la société mère de Sega, Gulf and Western Industries, décide de se séparer de ses activités non essentielles. Le président de Sega, Hayao Nakayama, et le cofondateur David Rosen orchestrent alors un rachat de l’entreprise, avec le soutien financier du conglomérat japonais CSK Corporation et de son président Isao Okawa. Ce changement de direction donne un nouveau souffle à Sega, qui se fixe comme objectif de concurrencer frontalement Nintendo sur le marché des consoles de salon.
Après une première révision de son système avec la SG-1000 II (juillet 1984), dotée de contrôleurs détachables, Sega conçoit un modèle plus ambitieux : la Mark III, commercialisée au Japon le 20 octobre 1985. Conçue par l’équipe d’ingénieurs dirigée par Hideki Sato et Masami Ishikawa, déjà impliqués dans le développement de la SG-1000, la Mark III corrige les principales limites de son aînée. Le processeur graphique Texas Instruments TMS9918A, jugé trop limité, est remplacé par une puce conçue en interne, inspirée du matériel utilisé dans les systèmes d’arcade de Sega, notamment la carte System 2. L’objectif est clair : rapprocher le rendu visuel des consoles domestiques de celui des bornes d’arcade, cœur du savoir-faire historique de la firme.
Malgré une supériorité technique certaine sur la Famicom, la Mark III peine à s’imposer sur le marché japonais. Le succès de Nintendo repose en grande partie sur une politique d’exclusivité stricte avec les éditeurs tiers, interdisant toute sortie multiplateforme. Sega, privée de cet écosystème de partenaires, se voit contrainte de développer seule la majorité de son catalogue et d’acquérir des licences de conversion d’arcade. Le résultat est une ludothèque initiale réduite, qui peine à rivaliser avec celle, foisonnante, de Nintendo. Face à cet échec relatif, Sega décide de tourner ses ambitions vers les marchés occidentaux, encore peu consolidés.
... à la commercialisation internationale de la Master System
En 1986, Sega fonde Sega of America afin de piloter la commercialisation de ses produits grand public sur le continent nord-américain. Sous l’impulsion de David Rosen et Hayao Nakayama, la filiale est confiée à Bruce Lowry, ancien vice-président des ventes de Nintendo of America. Installé à San Francisco, Lowry entreprend de reconditionner la Mark III pour le marché occidental, à l’image de la transformation de la Famicom en Nintendo Entertainment System (NES). C’est ainsi qu’en juin 1986, lors du Summer Consumer Electronics Show de Chicago, Sega présente officiellement la Master System.
Le nom « Master System » aurait été choisi de manière informelle par les employés de Sega of America, à la suite d’un jeu consistant à lancer des fléchettes sur un tableau de propositions. Le terme évoque à la fois la maîtrise (dans les arts martiaux comme dans la compétition commerciale) et la supériorité technique recherchée par Sega. La console adopte un design plus futuriste, adapté aux goûts occidentaux, et un conditionnement blanc à grille, inspiré des produits Apple — un contraste volontaire avec le noir caractéristique des emballages de la NES. Ce choix visuel vise à positionner le produit comme une alternative plus moderne et plus élégante.
La Master System est lancée en septembre 1986 aux États-Unis. Le pack de base comprend la console, deux manettes, un pistolet optique et une cartouche double contenant Hang-On et Safari Hunt. Sega ambitionne alors de vendre entre 400 000 et 750 000 unités durant l’année, soutenue par une campagne publicitaire de 15 millions de dollars, équivalente à celle de Nintendo. En réalité, les ventes atteignent entre 125 000 et 250 000 exemplaires avant Noël, plaçant la Master System devant l’Atari 7800 mais loin derrière la NES, qui domine déjà le marché avec plus d’un million d’unités écoulées.
Malgré un slogan vantant « des graphismes à la hauteur de ceux des salles d’arcade », la Master System souffre d’un marketing insuffisant. Son département promotionnel américain ne compte alors que deux employés, et l’absence d’un réseau solide d’éditeurs tiers freine l’expansion de sa ludothèque. En 1987, face à ces difficultés, Sega cède la distribution américaine à la société de jouets Tonka, espérant profiter de son expérience du marché des enfants. Mais cette collaboration s’avère désastreuse : Tonka, peu familière du secteur vidéoludique, bloque la localisation de plusieurs titres japonais et investit faiblement dans la publicité. L’échec se confirme en 1988, année où Tonka, en difficulté financière après le rachat de Kenner Toys, cesse de soutenir activement la console.
Réception au Japon et percée en Europe
Le 18 octobre 1987, Sega tente de relancer sa machine sur le marché japonais en rééditant la Mark III sous le nom de Master System, rencontrant un succès marginal avec seulement 10 % de part de marché. En revanche, la situation est tout autre en Europe, où Sega bénéficie de l’absence d’un acteur dominant. La Master System y est introduite en août 1987, distribuée par Master Games en France, Ariolasoft en Allemagne de l’Ouest et Mastertronic au Royaume-Uni.
Les débuts européens sont toutefois chaotiques. La console suscite une forte demande, mais les livraisons sont retardées — notamment au Royaume-Uni, où les stocks n’arrivent qu’après Noël 1987. Malgré ces déboires logistiques, le partenariat avec Virgin Mastertronic (nouvelle entité née de la reprise de Mastertronic par le groupe Virgin) en 1988 change la donne. La société réoriente la communication autour du slogan « An arcade in the home » et met l’accent sur les adaptations de grands succès d’arcade, positionnant la Master System comme une alternative supérieure aux micro-ordinateurs Commodore 64 et ZX Spectrum.
Cette stratégie s’avère payante : dès la fin des années 1980, la Master System dépasse la NES dans plusieurs pays européens, notamment au Royaume-Uni, en Espagne et en Belgique. Des compétitions nationales, comme le Sega Video Games Championship organisé en 1989 et diffusé à la télévision britannique, contribuent à renforcer l’image dynamique et jeune de la marque. En 1990, Sega écoule environ 918 000 consoles sur le continent, contre 655 000 pour Nintendo, faisant de la Master System la console la plus vendue en Europe à cette date.
Succès en Amérique du Sud et fin de carrière
Le succès européen contraste avec la trajectoire américaine, où Sega reprend directement la distribution en 1989, après l’échec de Tonka. L’année suivante, une version redessinée et simplifiée, la Master System II, est lancée pour relancer l’intérêt du public à moindre coût. Malgré un design plus compact et un prix attractif, la console ne parvient pas à inverser la tendance : entre 1,5 et 2 millions d’unités seulement sont écoulées aux États-Unis, loin derrière la NES, qui détient alors plus de 80 % du marché.
La situation est bien différente au Brésil, où la Master System est introduite en septembre 1989 par la société Tectoy. Grâce à une stratégie locale innovante (services téléphoniques de conseils, émissions télévisées dédiées, clubs de joueurs), la console devient un phénomène culturel. En 1990, plus de 280 000 unités sont installées dans le pays, et Sega détient environ 80 % du marché vidéoludique brésilien. Ce succès durable conduira Tectoy à maintenir la production de versions locales jusqu’au XXIe siècle, dont la Master System III et diverses éditions portables, assurant à la marque une longévité exceptionnelle dans la région.
En Asie, la console connaît également un certain essor, notamment en Corée du Sud, où elle est distribuée par Samsung sous les noms Gam*Boy puis Aladdin Boy. En 1993, avec plus de 700 000 exemplaires vendus, elle y surpasse même la NES (commercialisée localement par Hyundai). L’Océanie, enfin, devient un autre bastion du système : la Master System y devance la NES, avec 250 000 ventes en 1990 et un total de 650 000 unités écoulées en Australie à la fin de 1994.
Réception critique et héritage
Si la Sega Master System n’a jamais pu menacer la domination de Nintendo sur les marchés japonais et nord-américain, elle demeure l’un des succès les plus marquants de Sega en Europe et en Amérique latine. Sa ludothèque, dominée par des adaptations d’arcade de qualité et des licences emblématiques comme Alex Kidd, Phantasy Star ou Wonder Boy, a contribué à forger l’identité de Sega en tant qu’alternative plus audacieuse et techniquement ambitieuse. La presse spécialisée de l’époque souligne la qualité de ses graphismes et de son design, bien que certains critiques regrettent la rareté des exclusivités face à la richesse du catalogue Nintendo.
En 1988, Sega engage déjà la transition vers la génération suivante avec la sortie de la Mega Drive, mais la Master System continue d’être produite et distribuée en Europe jusqu’au milieu des années 1990. En 1993, elle compte encore plus de 6 millions d’utilisateurs actifs sur le Vieux Continent, un chiffre supérieur à celui de la Mega Drive à la même période. En 2016, Sega et Tectoy estiment que plus de 8 millions de consoles Master System ont été vendues au Brésil, témoignant d’un héritage durable et unique.
Symbole d’une ère de transition entre l’arcade et le jeu domestique, la Master System illustre la capacité de Sega à innover et à s’adapter aux marchés régionaux. Si son succès fut inégal selon les continents, son empreinte demeure considérable : elle a ouvert la voie à la réussite mondiale de Sega avec la Mega Drive et a posé les fondations de l’identité technophile et avant-gardiste de la marque.
Fiche technique de la Sega Master System et de ses déclinaisons (Mark III, Master System II, Super Compact et Master System III)
La Sega Master System, évolution directe de la SG-1000 et de la Sega Mark III, est la console 8 bits de troisième génération de Sega. Elle concurrence directement la Nintendo Entertainment System (NES) en offrant des performances supérieures en matière de mémoire, de graphismes et de son. Son processeur Zilog Z80A cadencé à 3,58 MHz est associé à 8 Kio de RAM, 16 Kio de mémoire vidéo et une ROM interne de 8 Kio. La machine affiche jusqu’à 32 couleurs simultanément sur une palette de 64 et une résolution de 256 × 192 pixels.
La console lit les jeux au format cartouche ROM ou Sega Card, et dispose de deux ports manettes ainsi que d’un port d’extension. Le son est généré par la puce Texas Instruments SN76489A, capable de produire trois canaux sonores et un canal de bruit, tandis que la version japonaise intègre en plus une puce Yamaha YM2413 offrant un son FM plus riche. Divers accessoires accompagnent la console, tels que le Light Phaser (pistolet optique), les lunettes SegaScope 3D ou encore le Handle Controller pour les jeux de course et de simulation de vol.
Sega Master System / Sega Mark IIICaractéristiques techniquesFabricant : Sega |
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|---|---|---|---|---|
| © SPHERAMA.COM | ||||
| Processeur | Zilog Z80A (8 bits) cadencé à 3,58 MHz | |||
| Mémoire vive (RAM) | 8 Kio | |||
| Mémoire vidéo (VRAM) | 16 Kio | |||
| Mémoire morte (ROM) | 8 Kio BIOS interne ; jeux sur cartouche ou carte Sega Card | |||
| Résolution d’affichage | 256 × 192 pixels | |||
| Palette de couleurs | 64 couleurs totales ; 32 affichables simultanément | |||
| Audio | Texas Instruments SN76489A (3 canaux + 1 bruit) ; Yamaha YM2413 (FM, version japonaise) | |||
| Format des médias | Cartouches ROM (Mega Cartridge) et Sega Card (cartes mémoire fines) | |||
| Compatibilité | Compatible avec les jeux SG-1000 (via composants similaires) ; adaptateur Power Base pour jeux Master System sur Mega Drive | |||
| Entrées/sorties | 2 ports manettes ; 1 port cartouche ; 1 port Sega Card ; port d’expansion ; sortie RF ou AV selon modèle | |||
| Périphériques compatibles | Light Phaser, SegaScope 3D, Sports Pad, Handle Controller, Rapid Fire Unit, paddle, manettes standard | |||
| Alimentation électrique | Adaptateur secteur 9 V DC, 1 A | |||
| Commercialisation | Lancée en 1985 (Japon, Mark III) ; 1987 (Europe, Master System) ; production arrêtée en 1992 | |||
Sega Master System IICaractéristiques techniques (modèle révisé, 1990)Fabricant : Sega |
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|---|---|---|---|---|
| © SPHERAMA.COM | ||||
| Processeur | Zilog Z80A (8 bits) cadencé à 3,58 MHz | |||
| Mémoire vive / vidéo | Identiques à la Master System originale (8 Kio RAM, 16 Kio VRAM) | |||
| Modifications matérielles | Suppression du port Sega Card, du bouton Reset, du voyant d’alimentation et du port d’expansion | |||
| Sorties vidéo | RF uniquement (hors version française équipée d’une sortie AV) | |||
| Son | Identique à la version précédente (SN76489A) | |||
| Logiciel intégré | Jeu Alex Kidd in Miracle World ou Sonic the Hedgehog préinstallé selon les versions | |||
| Commercialisation | Lancée en 1990 (Europe et Amérique du Nord) | |||
Sega Master System III / Super Compact / variantes Tec ToyCaractéristiques techniques (Brésil, années 1990–2000)Fabricant : Tec Toy (licence Sega) |
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|---|---|---|---|---|
| © SPHERAMA.COM | ||||
| Base matérielle | Architecture identique à la Master System II | |||
| Variantes | Master System Super Compact (connexion RF sans fil) ; Master System Girl (rose) ; Master System III Collection (120 jeux intégrés) | |||
| Compatibilité | Compatible avec les jeux Master System classiques ; certains modèles intègrent la ludothèque directement en mémoire | |||
| Commercialisation | Lancée en 1992 (Brésil) ; production prolongée jusqu’aux années 2000 | |||
Jeux notables de la Sega Master System et de ses déclinaisons (Mark III, Master System II, Super Compact et Master System III)
Commercialisée à partir de 1985 au Japon sous le nom de Sega Mark III puis à l’international sous celui de Sega Master System, la console constitue la réponse directe de Sega à la Nintendo Entertainment System. Bien que sa part de marché soit restée modeste en Amérique du Nord et au Japon, la Master System a connu un succès considérable en Europe, en Océanie et surtout au Brésil, où sa production a perduré jusqu’au milieu des années 1990.
Entre 1985 et 1996, environ 315 jeux officiels ont été publiés pour la Master System et ses variantes régionales. La console proposait deux formats physiques : les cartouches Mega Cartridge, pouvant contenir jusqu’à 4 Mbits de données, et les cartes Sega My Card, limitées à 256 kbits. Ces dernières, plus économiques à fabriquer, ont été progressivement abandonnées en raison de leur faible capacité mémoire. Les premiers titres spécifiques à la Mark III, tels que Teddy Boy Blues et Hang-On, sont parus sous le format My Card Mark III dès octobre 1985, tandis que le premier jeu au format cartouche, Fantasy Zone, a été publié en juin 1986.
La Master System est rétrocompatible avec les jeux de la SG-1000 et du SC-3000, à l’exception des logiciels éducatifs nécessitant le clavier SK-1100. En parallèle, certaines versions de la console intégraient des jeux directement en mémoire, comme Snail Maze, Hang-On, Safari Hunt, Alex Kidd in Miracle World ou Sonic the Hedgehog.
La ludothèque se distingue par la présence de titres marquants tels que Psycho Fox, Golvellius et Phantasy Star, ce dernier posant les bases d’une franchise majeure de jeux de rôle. Wonder Boy III: The Dragon’s Trap est considéré comme une étape importante dans l’évolution du jeu vidéo pour son mélange novateur d’action-plateforme et d’éléments de RPG. Sega a également mis en avant son personnage emblématique Alex Kidd, figure phare de la console avant l’arrivée de Sonic.
Les contraintes imposées par les politiques de licence de Nintendo ont limité le nombre de développeurs tiers sur Master System, poussant Sega à produire en interne la majorité de ses jeux. Malgré cela, la console bénéficie d’adaptations d’arcade de haute qualité telles que Out Run, Shinobi, R-Type et Golden Axe. Les cartouches de 8 bits offrent souvent des graphismes plus colorés et des sprites plus détaillés que ceux de la NES, comme en témoigne Alex Kidd in Miracle World.
La bibliothèque européenne, beaucoup plus fournie, inclut des portages 8 bits de jeux de la Mega Drive (Sonic the Hedgehog, Streets of Rage), ainsi que de nombreuses exclusivités PAL comme The Lucky Dime Caper Starring Donald Duck, Astérix, Ninja Gaiden ou Master of Darkness. Après l’arrêt de la console ailleurs, l’entreprise brésilienne Tectoy poursuivit sa commercialisation avec des titres originaux tels que Férias Frustradas do Pica-Pau et des portages locaux de Street Fighter II ou Dynamite Headdy.
Le dernier jeu japonais, Bomber Raid, est publié le 4 février 1989, tandis que Sonic the Hedgehog marque la fin de la production nord-américaine en octobre 1991. En Europe et au Brésil, des jeux continuent néanmoins de paraître jusqu’au milieu des années 1990, témoignant de la longévité exceptionnelle du système.
Quelques jeux emblématiques de la Master System
- Alex Kidd in Miracle World
- Astérix
- Fantasy Zone
- Golvellius
- Golden Axe Warrior
- Ninja Gaiden
- Out Run
- Phantasy Star
- Psycho Fox
- R-Type
- Shinobi
- Sonic the Hedgehog
- Streets of Rage
- Teddy Boy Blues
- The Lucky Dime Caper Starring Donald Duck
- Wonder Boy
- Wonder Boy in Monster Land
- Wonder Boy in Monster World
- Wonder Boy III: The Dragon’s Trap
- Ys: The Vanished Omens

