SG-1000 (console de jeux vidéo - histoire, date de sortie, fiche technique, ventes totales)

 
GÉNÉRATION : 3e génération
TYPE : Console de salon
DATE DE SORTIE : 15 juillet 1983 (Japon)
FIN DE PRODUCTION : juillet 1984 ; 1985 (SG-1000 II)
DÉVELOPPEUR : Sega Corporation
FABRICANT : Sega
Unités vendues : 2 000 000 (dont SG-1000 II)
source 
Jeu le plus vendu : Flicky
Sommaire

La SG-1000, commercialisée en 1983, est une console de jeux vidéo de 3e génération : histoire de son développement et de sa commercialisation, description, caractéristiques techniques, jeux notables, galerie photos et vidéos.

Histoire de la SG-1000

Développement et contexte de création

Au début des années 1980, Sega Enterprises, Inc., alors filiale du conglomérat américain Gulf and Western Industries, figure parmi les cinq plus grands fabricants de bornes d’arcade aux États-Unis. L’entreprise, portée par des titres emblématiques comme Frogger ou Zaxxon, atteint un chiffre d’affaires de plus de 200 millions de dollars. Toutefois, la conjoncture du secteur évolue rapidement : à partir de 1982, le marché de l’arcade connaît un ralentissement brutal, entraînant une chute significative des revenus et poussant Gulf and Western à céder sa division nord-américaine de fabrication et de licences d’arcades à Bally Manufacturing. Sega conserve néanmoins son centre de recherche et développement ainsi que sa filiale japonaise, Sega Enterprises, Ltd., placée sous la direction de Hayao Nakayama.

Conscient de la fragilité du marché de l’arcade et inspiré par la montée en puissance des consoles domestiques, Nakayama plaide pour une réorientation stratégique : il souhaite que Sega tire parti de son savoir-faire technique pour investir le marché émergent du jeu vidéo familial au Japon. L’idée reçoit l’aval de la direction, ouvrant la voie à la création des premiers systèmes domestiques de la firme. Deux projets parallèles voient alors le jour : le SC-3000, un micro-ordinateur doté d’un clavier, et une version exclusivement dédiée au jeu vidéo, la SG-1000 — acronyme de « Sega Game 1000 ».

Cette dualité traduit l’hésitation initiale de Sega face à un marché encore peu structuré : fallait-il privilégier la polyvalence d’un ordinateur familial, ou se concentrer sur la ludothèque et l’accessibilité d’une console ? Lorsque Nintendo annonce son intention de lancer la Family Computer (Famicom), Sega choisit de développer simultanément le SC-3000 et la SG-1000, misant sur des composants standardisés pour contenir les coûts tout en garantissant une certaine durabilité technologique.

La SG-1000 est commercialisée au Japon le 15 juillet 1983 au prix de 15 000 ¥ — le même jour que la Famicom. Ce lancement simultané symbolise l’entrée officielle de Sega dans le domaine des consoles domestiques. L’entreprise diffuse également le SC-3000 et sa version améliorée, le SC-3000H, à la même date. Tandis que Sega concentre sa distribution sur le Japon, plusieurs versions rebrandées apparaissent à l’étranger : en Australie et en Nouvelle-Zélande via John Sands Electronics et Grandstand Leisure, et en Europe (notamment en France, en Italie et en Espagne) sous diverses appellations locales. La console n’est cependant jamais commercialisée sur les grands marchés nord-américains et britanniques, limitant d’emblée sa portée internationale.

Le succès initial de la SG-1000 dépasse pourtant toutes les prévisions : Sega tablait sur 50 000 ventes la première année, mais écoule environ 160 000 unités en 1983. Plusieurs facteurs expliquent cet engouement : un rythme de sorties soutenu — 21 titres dès la fin de l’année —, une image de fiabilité héritée de l’arcade, et surtout les problèmes techniques rencontrés par les premières Famicom, rappelées en raison de circuits défectueux. Ce démarrage encourageant convainc Sega de poursuivre ses ambitions dans le marché des consoles de salon.

Changements de direction et consolidation

Peu après la sortie de la SG-1000, la situation institutionnelle de Sega change profondément. La mort du fondateur de Gulf and Western, Charles Bluhdorn, conduit le groupe à se recentrer sur ses activités principales et à se désengager de ses filiales périphériques. En 1984, Hayao Nakayama et David Rosen orchestrent un rachat de la filiale japonaise de Sega avec le soutien financier de CSK Corporation, société informatique japonaise en pleine expansion. Ce rachat marque une émancipation décisive : Sega devient une entité japonaise indépendante, libérée de la tutelle américaine, et recentre ses efforts sur le marché domestique.

Dans ce contexte de transition, Sega capitalise sur l’expérience acquise avec la SG-1000 pour concevoir un modèle révisé : la SG-1000 II, commercialisée le 31 juillet 1984 au même tarif que la précédente. Bien que globalement similaire, cette seconde version apporte plusieurs améliorations d’ordre ergonomique et esthétique : les manettes, auparavant reliées de manière fixe à la console, deviennent amovibles, tandis que les cartouches massives et sombres de la première génération sont remplacées par les Sega My Cards, plus compactes et colorées, saluées pour leur design plus convivial. Ces ajustements témoignent d’une volonté de moderniser l’image du produit et d’élargir son public.

Pour renforcer sa présence médiatique, Sega recourt également à des célébrités populaires comme le duo comique Tunnels pour promouvoir la SG-1000 II, adoptant ainsi une stratégie marketing plus conforme aux pratiques japonaises de l’époque, où l’association d’un produit à des figures de la culture populaire visait à renforcer la sympathie du consommateur. Parallèlement, la société Tsukuda Original Co., Ltd. lance l’Othello Multivision, une console dérivée du matériel de la SG-1000 et du SC-3000, attestant de la diffusion du savoir-faire de Sega auprès de partenaires tiers.

Commercialisation et réception

Malgré ses débuts prometteurs, la SG-1000 voit rapidement sa dynamique freinée par l’ascension fulgurante de la Family Computer de Nintendo. Plus puissante, la Famicom bénéficie d’un affichage plus fluide, d’une palette de couleurs plus riche et, surtout, d’une politique d’ouverture envers les développeurs tiers. À l’inverse, Sega, encore marqué par sa culture d’éditeur d’arcade, se montre réticent à collaborer avec des studios extérieurs, qu’elle considère comme des concurrents directs. Cette stratégie d’autosuffisance limite la diversité de sa ludothèque et réduit son attractivité face à la concurrence.

En outre, la SG-1000 se retrouve confrontée à de multiples rivales sur le marché japonais, notamment les consoles de Tomy et Bandai, ce qui fragmente la demande. La SG-1000 II, malgré ses améliorations de conception et une communication plus ciblée, ne parvient pas à inverser la tendance. Dès 1985, Sega prépare déjà son successeur, la Mark III, qui deviendra plus tard la Master System à l’international. Ensemble, les modèles SG-1000, SG-1000 II et Mark III atteignent environ 1,4 million d’unités vendues au Japon d’ici 1988, dont environ 400 000 pour la SG-1000 seule — un résultat honorable, mais loin de rivaliser avec les millions de Famicom écoulées par Nintendo.

Réception critique et héritage

Sur le plan critique, la SG-1000 et sa déclinaison SG-1000 II reçoivent un accueil mitigé. Si certains observateurs saluent la qualité de fabrication et la fidélité des adaptations d’arcade, beaucoup regrettent des manettes peu précises et un signal vidéo limité aux sorties RF, à une époque où les connectiques RCA commençaient à se généraliser. En effet, malgré des graphismes supérieurs à ceux de la plupart de ses concurrentes de 1983, la console souffre d’un malheureux concours de circonstances : son lancement le même jour que la Famicom, dotée de licences prestigieuses comme Donkey Kong ou Popeye, relègue la SG-1000 au second plan.

Bien que la SG-1000 ait connu un succès commercial limité, elle joua un rôle structurant dans l’histoire de Sega. En posant les bases de son identité de constructeur et en amorçant son incursion dans le jeu vidéo familial, la SG-1000 et sa révision SG-1000 II permirent à l’entreprise d’affiner sa stratégie matérielle et de préparer l’arrivée de systèmes plus ambitieux, tels que la Mark III, la Master System et la Mega Drive.


Fiche technique de la SG-1000 et SG-1000 II

Commercialisée au Japon en juillet 1983, la Sega SG-1000 constitue la première console de salon produite par Sega. Conçue autour d’un processeur Zilog Z80A cadencé à 3,58 MHz, elle partage une architecture proche de plusieurs micro-ordinateurs contemporains. Son processeur vidéo Texas Instruments TMS9918A permet d’afficher jusqu’à 16 couleurs et 32 sprites simultanément, avec une résolution de 256 × 192 pixels. Le son est généré par la puce SN76489AN, également de Texas Instruments, qui offre trois canaux de tonalité et un canal de bruit. La console dispose d’1 Ko de mémoire vive et de 16 Ko de mémoire vidéo. Elle fonctionne avec des cartouches ROM, mais peut également lire des cassettes compactes ou des cartes Sega My Card à l’aide d’un adaptateur spécifique. L’alimentation est assurée par un transformateur 9 V DC et la sortie audio-vidéo se fait via un connecteur RF. Le contrôleur est intégré au boîtier principal.

Sega SG-1000
Caractéristiques techniques
Fabricant : Sega
© SPHERAMA.COM
Processeur Zilog Z80A (8 bits) ; 3,58 MHz
Mémoire vive (RAM) 1 Ko
Mémoire vidéo (VRAM) 16 Ko
Résolution d’affichage 256 × 192 pixels
Palette de couleurs 16 couleurs (affichage simultané jusqu’à 15)
Sprites 32 objets affichables simultanément
Audio Texas Instruments SN76489AN ; 3 canaux + 1 bruit
Format des médias Cartouches ROM ; cassettes compactes ; cartes Sega My Card (avec adaptateur C-1000 Card Catcher)
Autres formats pris en charge Cartouches propriétaires Sega ; compatibles SC-3000
Stockage interne (ROM système) Aucune ROM interne
Stockage externe / amovible Lecteur de cassettes via périphérique SR-1000
Périphériques Manette SJ-200 (filaire) ; clavier SK-1100 ; volant SH-400 ; imprimante SP-400 ; extensions SC-3000 compatibles
Alimentation électrique Entrée : AC 100 V (50/60 Hz) ; Sortie : 9 V DC, 1 A (adaptateur secteur)

Sortie au Japon en 1984, la SG-1000 II (ou Mark II) est une révision matérielle de la console d’origine. Sega y améliore principalement l’ergonomie : les ports manettes, auparavant fixes et situés sur le côté, deviennent détachables et placés à l’arrière. Le connecteur clavier est déplacé à l’avant, facilitant la compatibilité avec le SK-1100. La console conserve le même processeur Zilog Z80A et la même architecture graphique, mais certaines fonctions sont regroupées dans une puce tout-en-un pour réduire les coûts. Elle introduit en outre la compatibilité native avec les cartes Sega My Card, grâce à un lecteur intégré. Les caractéristiques techniques internes restent donc identiques, mais le design et la connectivité sont améliorés.

Sega SG-1000 II
Caractéristiques techniques
Fabricant : Sega
© SPHERAMA.COM
Processeur Zilog Z80A (8 bits) ; 3,58 MHz
Mémoire vive (RAM) 1 Ko
Mémoire vidéo (VRAM) 16 Ko
Résolution d’affichage 256 × 192 pixels
Palette de couleurs 16 couleurs ; 32 sprites affichables
Audio Texas Instruments SN76489AN (identique à la SG-1000)
Format des médias Cartouches ROM ; cartes Sega My Card (lecteur intégré)
Périphériques Manettes SJ-150 (amovibles) ; clavier SK-1100 ; accessoires identiques à ceux de la SG-1000
Alimentation électrique Entrée : AC 100 V (50/60 Hz) ; Sortie : 9 V DC, 1 A (adaptateur secteur)

Jeux notables de la Sega SG-1000 et SG-1000 II

Entre 1983 et 1987, la Sega SG-1000 et sa révision SG-1000 II ont vu la sortie de près d’une centaine de jeux, répartis entre 68 cartouches ROM et 29 cartes Sega My Card. Bien que Sega ait cessé de promouvoir activement la console dès 1984, la production de titres s’est poursuivie jusqu’en 1987, parallèlement au lancement de la Mark III (future Master System). L’ensemble des jeux est compatible entre les différents modèles de la série, ainsi qu’avec la Master System japonaise. Certains titres nécessitent toutefois un clavier ou un ordinateur SC-3000 pour fonctionner pleinement.

La ludothèque de la SG-1000 s’appuie largement sur les succès d’arcade de Sega, avec des adaptations comme Zaxxon, Buck Rogers: Planet of Zoom ou Star Jacker. D’autres jeux proviennent de collaborations extérieures, notamment avec Jaleco (Pop Flamer, Exerion) ou Konami (Hyper Sports, Shinnyushain Tōru-kun). Sega obtient également plusieurs licences issues du manga et de l’anime, comme Golgo 13 ou Orguss.

La console révèle aussi de jeunes talents, dont Yuji Naka, futur créateur de Sonic the Hedgehog, avec son premier jeu Girl’s Garden. Des personnages comme Flicky deviendront récurrents dans l’univers Sega. Malgré des critiques sur la réactivité des contrôleurs et des graphismes jugés inférieurs à ceux de la Famicom, la SG-1000 témoigne d’une étape essentielle dans la transition de Sega vers le marché des consoles domestiques.

Les manuels et emballages des jeux comportaient à l’origine des textes en japonais et en anglais, avant de devenir exclusivement japonais à partir de 1984, lorsque Sega réduisit la taille de ses boîtiers. Les derniers titres sortis, The Castle (1986), Loretta no Shōzō: Sherlock Holmes (1987) et The Black Onyx (1987), marquent la fin de l’ère SG-1000.

Jeux emblématiques de la SG-1000 et SG-1000 II

Année Titre Genre
© SPHERAMA.COM
1983BorderlineAction
1983Safari HuntingAction
1983N-SubShoot ’em up
1983MahjongJeu de société
1983Champion GolfSport
1983TsumeshogiJeu de société
1983Congo BongoAction
1983YamatoShoot ’em up
1983Champion TennisSport
1983Star JackerShoot ’em up
1983Champion BaseballSport
1983Sindbad MysteryAction
1983Monaco GPCourse
1983Sega FlipperAction
1983Pop FlamerAction
1983PacarAction
1983Sega GalagaShoot ’em up
1983Space SlalomAction
1983Zippy RaceCourse
1983PachinkoPachinko
1983ExerionShoot ’em up
1984Golgo 13Shoot ’em up
1984OrgussShoot ’em up
1984Pachinko IIPachinko
1984Home MahjongJeu de société
1984Lode RunnerAction
1984Safari RaceCourse
1984Champion BoxingSport
1984Champion SoccerSport
1984Hustle ChumyAction
1984FlickyAction
1984Girl’s GardenAction
1985ZaxxonShoot ’em up
1985Champion Pro WrestlingSport
1985GP WorldCourse
1985Konami no Shinnyushain Tooru KunAction
1985Konami no Hyper SportsSport
1985Star ForceShoot ’em up
1985OthelloJeu de société
1985Space InvadersShoot ’em up
1985Champion GolfSport
1985Monaco GPCourse
1985Zippy RaceCourse
1985Champion BoxingSport
1985Star ForceShoot ’em up
1985Dragon WangAction
1985Zoom 909Shoot ’em up
1985ChoplifterAction
1985Pitfall IIAction
1985Doki Doki Penguin LandRéflexion
1985DrolAction
1985Chack’n PopAction
1985Bank PanicAction
1985Rock n’ BoltRéflexion
1985Elevator ActionAction
1985SōkobanRéflexion
1985Championship Lode RunnerAction
1985H.E.R.O.Action
1985Champion Ice HockeySport
1985Hang-On IICourse
1985Bomb JackAction
1985C-So !Action
1986The CastleAction
1986GulkaveShoot ’em up
1986Ninja PrincessAction
1986Super TankAction
1986Champion KendōSport
1986Wonder BoyAction
1986Champion BilliardsSport
1987Loretta no ShōzōAventure
1987The Black OnyxRôle

Galerie photos - SG-1000 & SG-1000 II