Deadvlei : L'incroyable paysage figé du désert du Namib

 

Situé au cœur du désert du Namib en Namibie, le Deadvlei est un site remarquable et emblématique connu pour ses dunes de sable rouge spectaculaires et ses arbres morts figés dans le temps. Ce paysage unique attire les photographes du monde entier pour son ambiance surréaliste et sa beauté naturelle.

Un site insolite au cœur de l'erg du Namib

Le Deadvlei (également écrit DeadVlei ou Dead Vlei) tire son nom de l'anglais (dead, « mort ») et de l'afrikaans (vlei, « lac » ou « marais »), signifiant littéralement « marais mort ». Localement, ce site est aussi appelé Dooie Vlei, en afrikaans. Il est situé à proximité du célèbre Sossusvlei, au cœur du parc national de Namib-Naukluft et, plus largement, de l'erg du Namib, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Vue aérienne de Deadvlei, mettant en valeur son sol argileux blanc contrastant avec les dunes de sable rougeoyantes

Vue aérienne de Deadvlei, mettant en valeur son sol argileux blanc contrastant avec les dunes de sable rougeoyantes. | © Olga Ernst and Hp.Baumeler.

La zone de Deadvlei (à l'exclusion des pentes des dunes) est une étendue elliptique orientée nord-ouest-sud-est, couvrant environ 0,6 kilomètre carré (60 hectares). À l'extrémité nord-ouest, Deadvlei est ouvert sur le système de dépression terminale du Tsauchab, l'une des grandes rivières sèches de la mer de sable du Namib. Le fond de la dépression est principalement constitué d'un sol argileux blanc, avec une couche argilo-limoneuse blanchâtre et craquelée, qui contraste nettement avec les dunes environnantes plus sombres et rougeâtres sur les photographies aériennes.

Histoire et formation géologique du Deadvlei

Le Deadvlei s'est formé il y a des milliers d'années lorsque des inondations ont détourné le cours de la rivière Tsauchab, créant une dépression peu profonde. L'eau abondante a permis la croissance de végétation, formant un marais où les Vachellia erioloba, les acacias du désert, ont prospéré. Cependant, au fil du temps, des dunes se sont formées et ont bloqué l'accès de la rivière, entraînant la mort de ces arbres par manque d'eau. Aujourd'hui, des plantes comme les salsolas survivent grâce à la brume matinale et aux rares pluies.

Au fil du temps, des dunes se sont formées et ont bloqué l'accès de la rivière, entraînant la mort des arbres du Deadvlei par manque d'eau

Au fil du temps, des dunes se sont formées et ont bloqué l'accès de la rivière, entraînant la mort des arbres du Deadvlei par manque d'eau. | © Buiobuione

Les études sédimentologiques indiquent que le Tsauchab avait un flux d'eau plus fréquent il y a environ 600 ans, suggérant qu'à cette époque, le Deadvlei bénéficiait d'un climat plus humide. Cette période correspond au début du Petit Âge Glaciaire, marquant une diminution de l'approvisionnement en eau et, par conséquent, la mort des arbres emblématiques de la vallée.

Caractéristiques du paysage saisissant et unique du Deadvlei

Le paysage du Deadvlei est dominé par des dunes de sable rougeoyantes, dont la couleur est due à l'oxyde de fer, atteignant parfois jusqu'à 300 mètres de hauteur. Ces dunes figurent parmi les plus hautes du monde. Cependant, le Deadvlei est surtout connu pour ses nombreux acacias morts (Vachellia erioloba) dans sa moitié nord-ouest, qui sont emblématiques du site. Au fond de cette cuvette d'argile, située dans une vallée encaissée entre les dunes, se trouvent ces arbres morts, très prisés des photographes pour leur contraste saisissant avec le sable rouge et le ciel bleu. Certains de ces arbres sont âgés de plusieurs siècles, leur bois desséché devenant des icônes photographiques.

Un des nombreux acacias morts de Deadvlei, surplombé par les imposantes barrières de dunes en arrière-plan

Un des nombreux acacias morts de Deadvlei, surplombé par les imposantes barrières de dunes en arrière-plan. | © benny_bloomfield

Le climat aride du désert du Namib a contribué à la conservation de ces acacias morts, qui sont restés intacts malgré des conditions extrêmes. Les troncs sont désormais de couleur noire en raison de l'exposition prolongée au soleil. Bien qu'ils ne soient pas pétrifiés, leur bois ne se décompose pas en raison de l'extrême sécheresse. Cette sécheresse ralentit considérablement leur décomposition, permettant leur conservation jusqu'à aujourd'hui. La datation au radiocarbone a révélé que les squelettes de ces arbres ont environ 850 ans et qu'ils seraient morts il y a 600 à 700 ans (vers 1340-1430), durant la seconde moitié du XIVe siècle et la première moitié du XVe siècle.

Faune et flore du Deadvlei : un écosystème fragile mais crucial

Au pied des dunes et dans les zones marginales où la surface n'est pas scellée par la croûte argilo-limoneuse, des parcelles de végétation basse comme la salsola et les touffes de nara survivent grâce à la brume matinale et aux très rares pluies. Ces plantes indiquent que de petites quantités d'eau de précipitation s'infiltrent entre les grains de sable et descendent dans la dépression. Deadvlei abrite également une faune diversifiée, notamment des geckos dans le sable, des oiseaux nichant dans les acacias morts, ainsi que des oryx parcourant le paysage.

Sol argileux blanchâtre desséché du Deadvlei, contrastant avec les dunes de sable rougeoyantes en arrière-plan

Sol argileux blanchâtre desséché du Deadvlei, contrastant avec les dunes de sable rougeoyantes en arrière-plan. | © MarkDhawn / Wikimedia Commons.

En tant que partie intégrante du parc national de Namib-Naukluft, le Deadvlei est géré avec soin pour assurer sa préservation à long terme. Les autorités locales mettent en œuvre des mesures de conservation pour protéger cet écosystème fragile, tout en permettant aux visiteurs de profiter de sa beauté naturelle de manière durable.

Un tableau de la nature mondialement célèbre

Lors de son séjour en Namibie pour travailler avec le magazine National Geographic, le photographe Frans Lanting a capturé une image du Deadvlei qui a rapidement fait connaître ce site dans le monde entier. La renommée de cette photographie réside dans la qualité unique de la lumière qui transforme le paysage en une scène surréaliste, semblable à un tableau. Ce qui apparaît en blanc sur le fond orange sont en réalité des herbes blanches parsemant les dunes de sable orangé.

Ce qui apparaît en blanc sur le fond orange sont en réalité des herbes blanches parsemant les dunes de sable orangé

Ce qui apparaît en blanc sur le fond orange sont en réalité des herbes blanches parsemant les dunes de sable orangé. | © Frans Lanting

La popularité du Deadvlei perdure également grâce à son utilisation comme lieu de tournage pour des scènes de films tels que le thriller germano-américain The Cell (2000), le film fantastique d'aventure The Fall (2006), le thriller d'action indien Ghajini (2008), et le un film d'action indien en langue tamoule Ayan (2009).

Le Deadvlei n'est pas seulement un site touristique majeur en Namibie, mais il revêt également une importance écologique en tant que zone de conservation au sein du parc national de Namib-Naukluft. Il abrite une biodiversité unique, adaptée aux conditions extrêmes du désert, et offre aux visiteurs une expérience immersive dans l'environnement naturel du désert du Namib.

Ressources bibliographiques :

  • Nicholas Lancaster, "How Dry Was Dry?—Late Pleistocene Palaeoclimates in the Namib Desert", Quaternary Science Reviews, vol. 21, no. 7, 2002, pp. 769-782.
  • Bernadette Gilbertas (Auteur), Olivier Grunewald (Photographies), Namibie, désert absolu, Nathan, 2003.
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  • Anna Lewington, Ancient Trees: Trees that live for a thousand years, Batsford, 2013.