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Lire plusExpression : compter pour du beurre (définition, signification, origine, étymologie)
Définition et signification de l'expression compter pour du beurre
- Ne pas être pris en considération, être ignoré ou méprisé.
- Être perçu comme dépourvu d'importance ou de valeur.
L’expression « compter pour du beurre » est une locution familière utilisée pour signifier que l’on n’est pas pris au sérieux ou que l’on n’a aucune influence dans une situation donnée. Elle s’emploie généralement pour déplorer une forme de mise à l’écart, d’exclusion symbolique ou de déconsidération, que ce soit dans un groupe social, une prise de décision ou un échange verbal. Elle peut ainsi traduire un sentiment d’inutilité ou d’invisibilité, et s'accompagne souvent d’une connotation péjorative ou ironique.
Origine et étymologie de l'expression compter pour du beurre
Contrairement à d'autres tournures populaires où le beurre symbolise l'abondance ou le profit — comme dans « faire son beurre » (faire fortune) ou « mettre du beurre dans les épinards » (améliorer ses conditions de vie) — l'expression « compter pour du beurre » repose sur une perception historiquement ambivalente de cette denrée.
En effet, une ancienne locution adjectivale, désormais tombée en désuétude, qualifiait de « beurre » ce qui était sans valeur ou insignifiant. Cette acception est probablement à l’origine du sens négatif de l’expression actuelle. D’ailleurs, le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse rapporte que « vendre du beurre » signifiait à cette époque « être ignoré ou délaissé en société ». L’usage était notamment courant dans le contexte des bals : une jeune fille qui « vendait du beurre » était celle qui n'était pas invitée à danser, faute de cavalier.
L’histoire sociale du beurre éclaire également ce glissement de sens. Loin d’avoir toujours été perçu comme un produit noble, le beurre fut longtemps considéré comme une graisse modeste, destinée aux classes populaires. Facile à produire tout au long de l’année, contrairement à l’huile (disponible uniquement après récolte des produits oléagineux), il servait non seulement à l’alimentation mais aussi à des usages médicinaux et cosmétiques (contre les brûlures, pour l’entretien des cheveux, etc.). Ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que le beurre acquiert un certain prestige en devenant un ingrédient courant dans la cuisine aristocratique.
Ainsi, la connotation péjorative de « compter pour du beurre » pourrait provenir de cette période antérieure, où le beurre n’était pas considéré comme un aliment noble. Une autre hypothèse, plus imagée, fait référence à la consistance molle et peu résistante du beurre, qui rendrait toute tentative d'en faire un élément structurel ou utile (comme bêcher un jardin) vouée à l’échec — renforçant ainsi l’idée d’inutilité.
3) Usage contemporain et extension du sens de l'expression compter pour du beurre
Aujourd’hui, l’expression « compter pour du beurre » s’emploie couramment pour dénoncer un manque de reconnaissance ou un traitement injuste. Elle est particulièrement utilisée dans les interactions sociales où une personne se sent exclue ou non écoutée. Par extension, elle peut également s’appliquer à des groupes ou des entités perçus comme marginalisés ou négligés dans un contexte décisionnel.
Dans le discours politique, éducatif ou professionnel, cette locution peut ainsi souligner un déficit de participation ou de prise en compte, traduisant une frustration face à une absence de pouvoir d’agir ou d’influence. Son emploi contemporain conserve donc la charge critique initiale tout en s’adaptant à divers registres d’usage, de l’oral informel à l’argumentation plus construite.