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Lire plusCéphalanthère d'Austin (Cephalanthera austiniae), la magnifique « orchidée des neiges »
Espèce d’orchidée endémique de l’Amérique du Nord, cette plante entièrement blanche pourrait disparaître d’ici l’an 2100 en raison du changement climatique à l’échelle mondiale.
Un nom qui commémore la mémoire de Rebecca Merritt Austin
Décrite dès 1876 par le botaniste américain Asa Gray, la Céphalanthère d'Austin porte le nom scientifique de Cephalanthera austiniae, sans aucun rapport avec la ville d’Austin, cette orchidée ne poussant pas du tout au Texas. En effet, le terme austiniae rend en réalité hommage à Rebecca Merritt Austin, la récolteuse des premiers spécimens et dont les observations de cette orchidée ont été d’un apport inestimable à la botanique.
Aux États-Unis et au Canada, dans le langage courant, cette plante est appelée Snow Orchid (« orchidée des neiges ») ou Phantom orchid (« orchidée fantôme »), à ne pas confondre avec d’autres espèces d’orchidées portant le même nom, notamment l’Epipogium aphyllum et la Dendrophylax lindenii.
Description, répartition et habitat de l’orchidée des neiges (Cephalanthera austiniae)
La Céphalanthère d'Austin mesure jusqu’à 55 cm de hauteur et ne produit pas de chlorophylle, d’où son apparence entièrement blanche à l’exception de quelques marques jaunes sur ses fleurs. L’orchidée des neiges tire ses nutriments d’un champignon souterrain, lui-même associé à un arbre. Cette espèce produit une tige lisse qui peut posséder jusqu’à 20 fleurs blanches, tandis que ses feuilles sont réduites à des « écailles blanches » d’environ 10 cm de long. En termes de sensations olfactives, les fleurs jaunes de l’orchidée des neiges dégagent un remarquable parfum de vanille.
Concernant sa répartition, la Céphalanthère d’Austin pousse uniquement dans la partie occidentale de l’Amérique du Nord : aux Etats-Unis (Californie, Washington et Idaho) et au Canada (Colombie-Britannique), soit sur la côte nord-ouest du Pacifique. En Colombie-Britannique, on la rencontre exclusivement dans l’extrême sud-ouest de la province canadienne, où des sous-populations ont été signalées dans le sud-est de l’île de Vancouver, dans l’île Saltspring ainsi que dans la vallée du bas Fraser. Il s’agit de l’unique espèce du genre Cephalanthera originaire du continent américain source . Le gouvernement canadien a d'ailleurs décidé de prendre des mesures visant à empêcher l’extinction de la Cephalanthera austiniae source .
L’habitat idéal de la Céphalanthère d'Austin comprend des forêts anciennes ainsi que des forêts plus récentes mais relativement peu perturbées par l’activité humaine. L’orchidée des neiges se trouve généralement à des altitudes allant de 0 à 550 mètres au sein de vastes forêts de conifères. Le sol propice à sa floraison doit posséder une végétation clairsemée et une épaisse litière de feuilles, bien que des botanistes l’aient déjà observée dans des zones où les herbacées non graminoïdes et les arbustes sont abondants.
L’orchidée des neiges (Cephalanthera austiniae), une floraison difficile à observer
La Céphalanthère d’Austin ne fleurit pas chaque année. Et, si la présence des fleurs permet de la détecter, cela ne reflète pas forcément toute son étendue souterraine. Des spécimens peuvent demeurer en dormance pendant un certain temps. D’ailleurs, les scientifiques ignorent toujours quels sont les facteurs à l’origine du déclenchement de la production des tiges florifères.
© Sramey.
La floraison de l’orchidée des neiges débute en mai pour se terminer à la mi-juillet, bien que des tiges florifères puissent apparaître jusqu’en septembre. Des taux importants d’autofécondation ayant déjà été constatés chez d’autres espèces du genre Cephalanthera, les chercheurs supposent que la Céphalanthère d’Austin est capable de s’autopolliniser. À l’instar d’autres orchidées, la Céphalanthère d’Austin produit un très grand nombre de minuscules graines qui sont ensuite dispersées par le vent, sur de courtes distances (moins de 6 m).
Afin de se développer pleinement, la Céphalanthère d’Austin a besoin d’un réseau souterrain intact de champignons ectomycorihiziens. Car, pour se nourrir, l’orchidée des neiges parasite un champignon mycorhizien, lui-même associé aux racines d’un arbre. La santé de l’arbre et du champignon est donc essentielle à la survie de l’espèce, d’où sa rareté. Les scientifiques craignent à ce titre que la Cephalanthera austiniae pourrait disparaître d’ici l’an 2100, en raison du changement climatique à l’échelle mondiale.