Pro Dillinger & Futurewave - DIRTWAVE, VOL. 1 (chronique, review, tracklist)

DIRTWAVE, VOL. 1 est un album studio percutant signé par Pro Dillinger, figure montante du rap underground américain, et entièrement produit par le beatmaker canadien Futurewave. Publié le 9 octobre 2024 sous le label WavGodMusic Inc., ce projet confirme leur alchimie musicale et s’impose comme une référence du boom bap contemporain.

Paru en surprise, Dirtwave, Vol. 1 marque le septième album studio du rappeur américain Pro Dillinger, originaire de Haverstraw, New York. Figure emblématique du collectif The Umbrella et moitié du duo The Steiner Brothers, l’artiste poursuit une trajectoire prolifique avec un catalogue impressionnant : cinq mixtapes, sept EPs et désormais six albums à son actif. Parmi ses projets les plus marquants, on retient notamment Pray for My Prey produit par Finn, Dirt Don’t Hurt avec Machacha, l’EP MOSFoul, sa collaboration avec Mickey Diamond sur Sting vs. Flair, ainsi que le premier album éponyme des Steiner Brothers.

Après avoir célébré l’anniversaire de Dirty Work plus tôt cet été, Pro Dillinger avait récemment fait appel à Sean Kelly pour Reasonable Dirt, renouant avec l’ambiance de Forever Foul. Mais c’est avec Futurewave, producteur canadien salué comme l’un des artisans majeurs du boom bap contemporain, qu’il signe ici une œuvre attendue et ambitieuse : Dirtwave.

L’album s’ouvre sur “Still Here”, un morceau soulful où Pro Dillinger évoque avec lucidité le paysage rap actuel, dénonçant les postures artificielles et affirmant la différence entre les hommes et les imposteurs. Ce ton incisif se prolonge sur “Summer Smoke”, porté par une production boom bap nerveuse, où l’artiste revendique son appétit de réussite et son esprit de clan.

“Gun Play” conserve cette texture poussiéreuse, évoquant la nécessité d’être armé dans un environnement hostile, tandis que “Magic” brille par son beat parfaitement ciselé, sur lequel Pro Dillinger lâche des punchlines tranchantes, affirmant qu’il a tourné la page sur ses relations passées et qu’il ne faut pas le sous-estimer.

Le choix des invités est minimal mais pertinent. Daniel Son apparaît sur “No Loyalty”, un titre rageur qui fustige la trahison dans les rues. Blakkito intervient sur “Target Him”, morceau aérien qui rappelle que l’appartenance au collectif est une condition sine qua non pour prétendre au « dirt ».

Sur “Flower”, Pro Dillinger dévoile une facette plus intime, évoquant son attachement à une figure féminine dans une ambiance boom bap presque féerique. Puis “Back Home”, signé The Steiner Brothers, offre une respiration soulful, entre élévation et introspection, sur fond de kicks et snares organiques.

Le point culminant de l’album se dessine avec “Say So”, où Pro Dillinger revendique sans détour le statut de chef-d’œuvre pour Dirtwave. Enfin, “Power Trippin’” clôt le projet sur une note abstraite, évoquant une manière différente de compter, de mesurer, de vivre.

Dirtwave, Vol. 1 s’impose comme une pièce maîtresse dans la discographie de Pro Dillinger. La production de Futurewave, d’une cohérence remarquable, surpasse même celle de Pray for My Prey, pourtant saluée comme un jalon fondateur. Avec seulement trois featurings, l’album reste centré sur la plume acérée du rappeur de Haverstraw, qui livre ici l’une de ses performances les plus abouties. Un projet dense, brut, et profondément enraciné dans l’esthétique du rap underground contemporain.

Tracklist (liste des titres)