Daniel Son & Futurewave - Bushman Bodega (chronique, review, tracklist)

Bushman Bodega est le septième album studio du rappeur canadien Daniel Son, membre du collectif Brown Bag Money, en collaboration avec le producteur torontois Futurewave. Publié le 12 juillet 2024 sous le label WavGodMusic Inc., ce projet confirme leur alchimie musicale déjà éprouvée et renforce leur place au sommet du boom bap underground contemporain.

Daniel Son, MC originaire de Toronto et membre du collectif Brown Bag Money, poursuit son impressionnante trajectoire dans l’underground avec la sortie de son septième album Bushman Bodega. Habitué des collaborations marquantes, il avait déjà bâti sa réputation avec la mixtape The Gunners produite par Giallo Point, puis consolidé son statut grâce à Yenaldooshi, réalisé avec Futurewave. Tout juste auréolé du succès de son projet commun Northside avec Raz Fresco, hommage vibrant aux racines du hip-hop torontois, l’artiste retrouve ici son complice de longue date Futurewave pour une nouvelle démonstration de cohésion artistique, la première depuis Son Tzu & the Wav.God.

Dès “Symbiote Suit”, l’album s’ouvre sur une production boom bap à l’orgue, brute et efficace, où le MC impose son style incisif. “Stone Cold” poursuit sur une atmosphère sombre, portée par des pianos inquiétants, tandis que “Line Busy”, avec Estee Nack, menace d’un ton sec en affirmant que la ligne est déjà occupée. La tension ne faiblit pas avec “No Man’s Land”, où Daniel Son dépeint un environnement marqué par la rudesse. Chaque morceau renforce cette impression de cohérence : “Musashi” installe une ambiance martiale, et “30 Odd 6” avec 36 Cypher introduit une énergie jazz-boom bap pleine d’adrénaline.

Au fil de la tracklist, les invités défilent sans jamais diluer l’identité de l’album. Rome Streetz rejoint Daniel Son sur “Trail Blazers”, lâchant des couplets acérés sur une prod brutale, tandis que “Seymour Stems” surprend en se passant de batterie pour mettre en avant une écriture mordante. “Underground Parking”, en collaboration avec Raz Fresco, prolonge l’alchimie de Northside mais sublimée par les textures de Futurewave. Le producteur varie les ambiances avec brio, passant des vibraphones de “Cleaning Staff” aux atmosphères inquiétantes de “Booger Sugar” avec al.divino. Enfin, Daniel Son clôture le disque en solitaire avec “Owe Loot” et surtout “Good on My Ones”, où il mêle introspection et psychédélisme boom bap.

Bushman Bodega confirme la place de Daniel Son comme figure incontournable du hip-hop indépendant. Porté par une production ciselée de Futurewave et un casting de collaborateurs triés sur le volet, l’album s’impose comme une œuvre dense et absolument sans aucun temps mort. Si certains hésitaient à le comparer au réussi Northside, force est de constater qu’il s’élève à un niveau supérieur, et ce, par sa cohésion et son intensité. Ce projet, plébiscité dès sa sortie et souvent réécouté depuis, illustre non seulement la maturité de Daniel Son mais aussi sa constance à repousser les limites de son écriture et à raffiner son univers sonore. En clair, une pièce maîtresse de sa discographie qui confirme que Toronto demeure un vivier essentiel de l’underground nord-américain.

Tracklist (liste des titres)