Palais national de Pena, un bijou de l'architecture portugaise

Construit au XIXe siècle, sur les ruines d'un ancien monastère au sommet d'une colline surplombant la ville de Sintra au Portugal, le Palais de Pena est l'un des sites les plus remarquables et emblématiques du pays. Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1995 au sein du Paysage culturel de Sintra, ce palais se distingue par son mélange éclectique de styles architecturaux, allant du néo-gothique au néo-manuélin en passant par le style mauresque.

Histoire et origines du Palais de Pena

Le sommet escarpé des monts de Sintra, où se trouve actuellement le Palais de Pena, était initialement occupé par une petite chapelle dédiée à Notre-Dame de Pena, pendant le règne de Jean II de Portugal (1455-1495). Au XVI^e siècle, Manuel I^er de Portugal (1469-1521) ordonne sa reconstruction complète et la donne par la suite à l'Ordre de Saint-Jérôme, un ordre monastique lié principalement à l'Espagne et partiellement présent au Portugal. Il commande alors la construction d'un couvent en bois, rapidement remplacé par un bâtiment en pierre capable d'accueillir 18 moines. Au XVIII^e siècle, la foudre endommage une partie de la tour, de la chapelle et de la sacristie, tandis que le tremblement de terre de 1755 laisse le couvent en ruines. Seule la zone du choeur, dans la chapelle, avec un retable en marbre et albâtre attribué à Nicolau de Chanterenne, est demeurée intacte.

Le Palais national de Pena occupe l’une des cimes des monts de Sintra. | © Vitor Oliveira

Au XIX^e siècle, le roi-consort Ferdinand II de Portugal, également connu sous le nom de Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha, est totalement captivé par le paysage des montagnes de Sintra. Afin d'y édifier sa résidence d'été, ce monarque romantique décide d'acquérir l'ancien couvent sur le sommet escarpé, ainsi que d'autres propriétés des alentours, notamment la clôture environnante, le Château des Maures. En 1839, Ferdinand II confie la restauration de l'ancien couvent à l'architecte amateur et baron allemand Ludwig von Eschwege.

Palais national de Pena en construction vers 1850. | © Wikimedia Commons

Les travaux de construction débutent en 1842 et s'étendent sur plusieurs années puisqu'ils ne sont achevés qu'en 1885, année de la mort du roi, transformant les ruines en un palais coloré et exotique. À la mort de Ferdinand II, le palais est laissé à sa seconde épouse, Elisa Hendler, comtesse d'Edla, ce qui suscite à l'époque une certaine controverse. En 1889, le palais est acquis par l'État portugais, devenant ainsi un patrimoine national. Sous le règne de Charles Ier du Portugal, le palais devient une résidence appréciée de la famille royale. Après proclamation de la République en 1910, le palais, connu sous le nom officiel de Palácio Nacional da Pena, est transformé en musée et ouvert au public.

Architecture et caractéristiques du Palais de Pena

Conceptualisé par le baron Ludwig von Eschwege, l'architecture du Palais de Pena est un véritable voyage à travers les époques et les cultures, mêlant habilement différents styles architecturaux, tels que le mauresque, le baroque, le gothique, la Renaissance et le manuélin, pour créer un édifice exubérant et coloré, tout en préservant certaines parties du monastère d'origine. Ainsi, les tours coniques rappellent les châteaux de la Bavière, tandis que les arcs mauresques et les azulejos (carreaux de faïence) évoquent l'influence arabe présente dans la péninsule ibérique. Les jardins luxuriants qui entourent le palais sont aménagés dans un style romantique, avec des sentiers sinueux, des lacs pittoresques et une variété de plantes exotiques.

L'architecture du Palais de Pena est un véritable voyage à travers les époques et les cultures. | © Rodrigo Tetsuo Argenton

La structure du palais est divisée en quatre zones principales : les murs d'enceinte, l'ancien couvent restauré, le Patio dos Arcos avec son architecture mauresque et l'espace palatial avec son grand bastion cylindrique. Des modifications ont été apportées pendant la construction, notamment l'ajout de détails décoratifs élaborés selon les goûts du roi Ferdinand II. Les façades du palais sont ornées de baies et de fenêtres de différents styles, avec des tours et des bastions comportant des éléments décoratifs inspirés de l'architecture mauresque et manuéline. Les intérieurs sont richement décorés avec des stucs, des peintures murales en trompe-l'oeil et des carrelages datant du XIXe siècle, mettant en valeur les collections royales. Chaque pièce du palais est unique en son genre. Par exemple, la salle arabe est ornée de fresques et d'ornements inspirés de l'Orient, tandis que la salle de bal fusionne des éléments décoratifs orientaux avec des vitraux prussiens.

La salle à manger royale du Palais de Pena. | © Diego Delso

La cuisine du Palais de Pena. | © Diego Delso

Il convient de mentionner également un autre bâtiment jouxtant le Palais de Pena, celui de la maison de la Comtesse d'Edla. Ce vaste chalet, construit entre 1864 et 1869 par le roi Fernando II pour sa seconde épouse Elise Hensler, comtesse d'Edla, est situé à l'ouest du Parque da Pena sur une superficie de huit hectares. Inspiré par les chalets alpins en vogue en Europe à l'époque, le chalet était destiné aux loisirs et a été conçu en tenant compte des origines de la Comtesse. Après la chute de la monarchie portugaise en 1910, le complexe a été négligé et a souffert d'un manque d'entretien, culminant en 1999 avec un incendie criminel qui a endommagé une grande partie de l'intérieur. La restauration, dirigée par l'architecte José Maria Lobo de Carvalho, a commencé avec la création de l'entreprise Parques de Sintra - Monte da Lua, financée en partie par des subventions européennes. La restauration a impliqué la reconstruction du revêtement extérieur en liège simulé pour imiter le bois, ainsi que la restauration du jardin avec des collections de plantes soigneusement sélectionnées. Après la réouverture en mai 2011, le complexe a été ouvert au public pour des visites.

Maison de la Comtesse d'Edla. | © Diego Delso

Le parc du palais (Parque da Pena), influencé par les jardins romantiques allemands, complète l'ensemble architectural du site. D'une superficie de plus de 200 hectares, le parc enveloppe entièrement le palais, créant un écrin verdoyant pour cette merveille architecturale. Conçu en même temps que le palais par le roi Ferdinand II, le parc reflète le goût romantique exotique de l'époque, avec une variété d'espèces végétales provenant de diverses régions du monde avec par exemple des serres et des pépinières de camélias et de rhododendrons. Il offre aux visiteurs une multitude d'itinéraires à travers ses sentiers sinueux, ponctués de constructions de jardin pittoresques, de ponts, de grottes et de fontaines. Des éléments artistiques, tels que la statue du guerrier d'Ernesto Rusconi, ponctuent également le paysage. Les lacs situés près de la sortie du Castelo dos Mouros ajoutent à l'atmosphère pittoresque du parc, entourés de grands arbres et de fougères arborescentes.

La paroi où s'ouvre la porte précédant le petit pont-levis est décorée de manière tout à fait similaire à la façade de la Casa dos Bicos à Lisbonne. | © Carlos Luis M C da Cruz

Statue en bronze du guerrier Ernesto Rusconi, datant de 1848, au sein du Parque da Pena. | © Manuelvbotelho

Désormais, le Palais de Pena est ouvert au public et attire des milliers de touristes chaque année. Les visiteurs peuvent explorer les salles richement décorées du palais, contempler les vues panoramiques depuis les terrasses et se promener dans les jardins pittoresques. Le site est géré par Parques de Sintra, une société chargée de la préservation et de la mise en valeur du patrimoine de la région de Sintra.

Vue panoramique du Palais de Pena, prise à proximité de la structure. | © Kamran Saraf / Wikimedia Commons

Le Palais de Pena joue un rôle majeur dans l'attrait touristique de Sintra et contribue à l'économie locale. En plus de son importance historique et architecturale, le palais est devenu un symbole de l'identité nationale portugaise et un lieu de fierté pour les habitants de la région.

Ressources bibliographiques :

• José Martins Carneiro and Luís Filipe Marques da Gama, Palácio Nacional da Pena - Roteiro, Lisboa, 1994.
• Denis Montgomery, Closing the Circle, ed. Lulu, 2010.
• Raquel Henriques Silva et al., "Revista de História da Arte. Série W. Collecting through connections", Revista de História da Arte. Série W, vol. 3, 2015.
• J.C. Kullberg and A. Prego, "The Historical Importance and Architectonic Relevance of the 'Extinct' Arrábida Breccia", Geoheritage, vol. 11, 2019, pp. 87–111.
• "Palácio Nacional da Pena", Parques de Sintra - Monte da Lua. URL , consulté le 01/05/2024
• Sistema de Informação para o Património Arquitetónico, Registo da Unidade de Paisagem da Serra de Sintra. URL , consulté le 01/05/2024.
• Paysage culturel de Sintra, UNESCO World Heritage Centre, 2024.