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Lire plusExpression : mordre la main qui nourrit / donne à manger (définition, signification, origine, étymologie)
Définition et signification de l'expression mordre la main qui nourrit / donne à manger
- Trahir la personne qui vous a apporté son aide.
- Faire preuve d’ingratitude envers un bienfaiteur ou un protecteur.
L’expression « mordre la main qui nourrit » (ou ses variantes comme mordre la main qui donne à manger) désigne, au sens figuré, une attitude d'ingratitude ou de trahison à l’égard de celui qui vous a soutenu, secouru ou accordé sa confiance. Elle met en lumière le paradoxe d’une réaction hostile ou nuisible envers un individu ou une entité dont on a bénéficié.
Cette locution s’emploie généralement dans un registre familier, parfois avec une connotation morale, pour dénoncer un comportement perçu comme injuste, irrespectueux ou même hypocrite. Elle peut s’appliquer à des relations interpersonnelles comme à des contextes plus larges (sociaux, politiques, professionnels), dans lesquels un geste de soutien est retourné contre son auteur.
Sur le plan linguistique, cette métaphore repose sur une représentation intuitive et universelle : mordre la main qui vous nourrit revient à saboter sa propre source de soutien ou de survie, d’où son efficacité expressive.
Origine et étymologie de l'expression mordre la main qui nourrit / donne à manger
L’origine exacte de cette expression n’est pas attestée avec certitude, mais plusieurs pistes convergentes permettent d’en cerner les fondements culturels et linguistiques.
Une hypothèse plausible veut qu’elle soit née de l’observation concrète de scènes rurales ou domestiques, au cours desquelles un animal, apprivoisé ou non, mordrait instinctivement la main de celui qui lui offre de la nourriture. Ce comportement, interprété comme un geste d’agression injustifiée, aurait alors été transposé au registre humain pour décrire l’ingratitude.
Par ailleurs, une version anglaise ancienne de cette expression — to bite the hand that feeds one — est documentée dès le XVIIIe siècle. Elle est parfois attribuée à l’homme politique et philosophe britannique Edmund Burke, qui aurait employé cette image pour dénoncer une ingratitude politique. Cette formule est depuis largement répandue dans le monde anglophone avec le même sens métaphorique.
Une origine plus ancienne encore est parfois suggérée par certains sinologues, qui identifient une occurrence dans le volume VI du Livre de l’Ancien Han, œuvre historique chinoise relatant le règne de l’empereur Xuan (Ier siècle av. J.-C.). Selon ce récit, le souverain aurait fait exécuter Zhang Chang, un gouverneur qui lui avait pourtant été fidèle et utile, illustrant ainsi la trahison envers un bienfaiteur.
En français, la locution semble s’être fixée au cours du XIXe siècle, en tant que locution populaire, et connaît plusieurs variantes : mordre la main qui vous nourrit, mordre la main qui vous tend à manger, ou encore mordre la main qui vous donne à manger. Elle partage son sens avec d’autres formules imagées, comme cracher dans la soupe, qui désigne également une forme d’ingratitude ou de dédain envers ce dont on profite.
Usage contemporain et extension du sens de l'expression mordre la main qui nourrit / donne à manger
Dans son usage contemporain, l'expression conserve une forte charge morale. Elle sert fréquemment à dénoncer publiquement une personne, un groupe ou une organisation accusée de s’être retournée contre ses soutiens, mécènes, partenaires ou alliés.
Cette tournure est notamment mobilisée dans des contextes politiques, où un acteur est soupçonné d’attaquer les institutions ou individus qui ont contribué à sa légitimation ou à son ascension. Elle apparaît également dans le monde du travail, pour pointer le comportement d’un salarié ou d’un collaborateur qui nuit à l’entreprise qui l’emploie, ou dans le domaine social, pour évoquer l’attitude de bénéficiaires qui critiquent les structures d’aide dont ils dépendent.
En somme, mordre la main qui nourrit est devenue une métaphore universelle de l’ingratitude, utilisée dans de nombreux contextes où une réponse négative, nuisible ou injuste vient contredire une attente de reconnaissance ou de loyauté.