Expression mi-figue, mi-raisin © DR

Expression : mi-figue, mi-raisin (définition, signification, origine, étymologie)

 

Définition et signification de l'expression mi-figue, mi-raisin

  • Qui exprime un sentiment partagé entre satisfaction et mécontentement.
  • Qui se manifeste à la fois sérieusement et en partie sur le mode de la plaisanterie.

L’expression « mi-figue, mi-raisin » qualifie, au sens figuré, une attitude ambivalente ou une réaction nuancée, oscillant entre deux sentiments opposés. Elle désigne un état intermédiaire, ni entièrement positif ni complètement négatif, et s’applique à une personne dont l’expression, le comportement ou les propos laissent percevoir une hésitation entre deux registres — sérieux et léger, contentement et déception.

Sur le plan linguistique, la locution repose sur une structure binaire introduite par mi- (du latin medius, « au milieu »), préfixe marquant la division ou la partialité. Associée à deux termes contrastés, elle produit un effet de balancement qui renforce l’idée d’entre-deux.

Origine et étymologie de l'expression mi-figue, mi-raisin

L’histoire de cette expression est ancienne et présente plusieurs strates de sens. Les figues et les raisins, fruits secs très consommés au Moyen Âge — notamment durant le carême en raison de leur valeur nutritive —, apparaissent associés très tôt dans les usages alimentaires et symboliques. Leur rapprochement rend plausible leur apparition dans une locution, mais n’en explique pas immédiatement l’opposition.

Les premières attestations remontent au XVᵉ siècle, sous la forme moitié figue, moitié raisin, qui signifiait alors « en partie bien, en partie mal ». Cette valeur ambivalente constitue le noyau sémantique de l’expression actuelle. Au XVIᵉ siècle, Guillaume Postel emploie par exemple « moitié figue, moitié raisin » pour décrire une troupe composée à parts égales de musulmans et de chrétiens, témoignant de l’usage métaphorique d’une structure binaire pour marquer une composition mixte.

Selon le Dictionnaire de l’Académie française, c’est au XVIIᵉ siècle que l’expression acquiert pleinement le sens encore en vigueur aujourd’hui, en parallèle avec une valeur proche de « moitié de gré, moitié de force ». La substitution de mi- à moitié est plus tardive : elle apparaît dans des ouvrages du début du XIXᵉ siècle et correspond à une évolution formelle vers une expression plus concise et plus idiomatique.

Une interprétation ancienne mais aujourd’hui invalidée prétendait que la locution renvoyait à une pratique frauduleuse attribuée aux marchands corinthiens qui, lors de la livraison de raisins à Venise, y mêlaient par « inadvertance » des figues, moins coûteuses et plus lourdes. Faute de preuves textuelles, cette explication est désormais considérée comme une reconstruction tardive.

Enfin, une autre hypothèse ponctuelle, attestée au XVIᵉ siècle mais sans postérité stable, proposait une opposition sémantique entre le raisin, perçu comme savoureux, et la figue, parfois associée à la fiente — comme le suggère un proverbe de l’époque : « Figue de chat et marc d’argent seront tout un au jugement », où « figue de chat » peut être remplacée par « fiente de chien ». Cette dimension triviale illustre la multiplicité de sens attribués à la figue au fil des usages.

Usage contemporain et extension du sens de l'expression mi-figue, mi-raisin

Aujourd’hui, mi-figue, mi-raisin est couramment employé pour qualifier une réaction mitigée, une attitude réservée ou une impression contrastée. Elle peut désigner une réponse tiède, une approbation incomplète, ou encore une plaisanterie dont le sérieux affleure en filigrane.

Par extension, la locution peut revêtir une nuance légèrement critique lorsqu’elle décrit un comportement perçu comme peu franc ou insuffisamment engagé, notamment dans des contextes sociaux ou professionnels où l’on attend une position claire. L’expression conserve toutefois une valeur essentiellement descriptive, permettant de saisir la complexité d’une réaction humaine située dans l’entre-deux, loin des oppositions tranchées.