Explorez les expressions populaires avec des articles détaillant leur définition, signification, origine et étymologie.
Lire plusExpression : jeter l’argent par les fenêtres (définition, signification, origine, étymologie)
Définition et signification de l'expression jeter l’argent par les fenêtres
- Faire des dépenses inconsidérées, gaspiller ses ressources financières.
- User de son argent avec une légèreté excessive, sans souci de gestion.
L’expression « jeter l’argent par les fenêtres » désigne, de manière figurée, une attitude marquée par le gaspillage, l’imprévoyance ou l’excès dans les dépenses. Elle qualifie un individu qui dilapide son patrimoine en achats superflus ou inutiles, sans évaluer les conséquences de cette prodigalité. Son emploi implique souvent un jugement négatif, soulignant un comportement dépensier perçu comme irrationnel ou déraisonnable.
Origine et étymologie de l'expression jeter l’argent par les fenêtres
L’expression trouve ses racines dans le contexte urbain de la fin du XVIIᵉ et du début du XVIIIᵉ siècle, époque à laquelle le geste de jeter quelque chose par la fenêtre revêt déjà une dimension imagée associée à la prodigalité. Sur le plan historique, les fenêtres constituaient alors de véritables points de décharge. En l’absence de systèmes d’évacuation modernes, on y rejetait toutes sortes de déchets domestiques, parfois même des détritus malodorants ou des eaux souillées, ce qui rendait périlleuse la circulation dans les rues étroites.
Si les pièces de monnaie pouvaient occasionnellement être lancées depuis une fenêtre pour récompenser un chanteur ambulant ou un troubadour — geste symbolique de générosité, voire d’impatience lorsqu’on souhaitait le voir partir — cette pratique demeure marginale par rapport au sens principal de l’expression. Ce n’est pas tant l’acte réel qui fonde la locution que la valeur symbolique : celui qui jetterait littéralement de l’argent hors de sa maison accomplirait un geste absurde, synonyme de pure perte.
Les sources lexicographiques confirment la stabilisation du sens figuré à l’époque moderne. La version de 1762 du Dictionnaire de l’Académie française mentionne déjà la formule : « Ne point jeter son bien par les fenêtres », c’est-à-dire ne pas faire de dépenses extravagantes. Cela suggère que l’expression, sous cette forme ou sous des variantes voisines, circulait probablement dès la fin du XVIIᵉ siècle.
Claude Duneton rappelle par ailleurs qu’Oudin, au XVIIᵉ siècle, relève une tournure similaire : « jeter les épaules de mouton par la fenêtre » comme signe de prodigalité. La logique exacte de cette image demeure obscure — pourquoi une épaule de mouton ? — mais elle atteste que l’acte de jeter par la fenêtre était déjà associé à une forme de gaspillage ostentatoire.
Ainsi, la locution moderne s’inscrit dans un continuum d’images anciennes où la fenêtre devient le point de passage métaphorique d’une richesse mal employée ou dilapidée.
Usage contemporain et extension du sens de l'expression jeter l’argent par les fenêtres
Dans l’usage actuel, jeter l’argent par les fenêtres conserve ce sens de gaspillage flagrant, appliqué à des comportements individuels comme à des politiques publiques, des investissements privés ou des stratégies financières jugées inefficaces. L’expression intervient fréquemment dans des contextes où l’on dénonce une absence de rationalité économique ou une mauvaise gestion des ressources.
Par extension, elle peut également s’employer de manière critique pour signaler un choix budgétaire incohérent, une dépense somptuaire ou une allocation de moyens disproportionnée. Sa force expressive repose sur la visualisation d’une perte immédiate et irrémédiable, l’argent étant imaginé comme littéralement perdu dans le vide urbain.
