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Lire plusExpression : faire fi de (définition, signification, origine, étymologie)
Définition et signification de l'expression faire fi de
- Dédaigner ouvertement ; exprimer du mépris à l’égard de quelque chose.
- Écarter volontairement, considérer comme négligeable ou indigne d’attention.
L’expression « faire fi de » signifie, au sens propre comme au sens figuré, manifester un rejet explicite à l’égard d’une chose, d’une idée, d’une valeur ou d’un comportement. Elle implique une attitude de dédain assumé, traduisant l’idée que l’objet ainsi écarté n’est pas digne d’être pris en considération. Dans la langue contemporaine, la locution est fréquemment employée pour souligner la volonté de ne tenir aucun compte d’un principe, d’un avertissement ou d’une règle jugée sans importance, souvent avec un effet rhétorique insistant.
Origine et étymologie de l'expression faire fi de
L’expression trouve ses racines dans l’évolution historique de l’interjection « fi ! », attestée dès le XIIIᵉ siècle dans la langue française. Cette interjection exprimait déjà le dégoût, la réprobation morale ou le mépris. Elle apparaît aussi bien dans des textes littéraires que dans les recueils lexicographiques de l’époque.
En 1606, Jean Nicot, dans son Thresor de la langue françoise, définit fi comme « interjection rejective, dont le François use quand il abhorre quelque chose ». Il suggère que le terme pourrait dériver du latin fimus — « fumier, fiente » — dont la connotation fortement péjorative rend compte de la valeur affective du mot. Cette origine, bien que discutée, demeure cohérente avec l’emploi ancien de l’interjection pour signifier un profond mépris.
À partir de la Renaissance et jusqu’au XVIIᵉ siècle, fi apparaît fréquemment dans la littérature française, notamment dans les formules proverbiales ou moralisatrices telles que « Fi de l’avarice, c’est un vilain vice ». Jean de La Fontaine l’utilise dans Le Rat des villes et le Rat des champs : « Fi du plaisir que la crainte peut corrompre ! », tandis que Clément Marot écrit : « Fi de l’honneur ! Vive la vie ! ». La tournure « fi de » suivie d’un nom constitue ainsi le modèle syntagmatique qui donnera naissance à la construction verbale « faire fi de », attestée à partir du début du XIXᵉ siècle.
Cette locution s’inscrit donc dans une tradition linguistique ancienne, caractérisée par la persistance de l’interjection fi comme signe de mépris.
Usage contemporain et extension du sens de l'expression faire fi de
Dans l’usage actuel, « faire fi de » conserve sa valeur originelle de rejet, mais s’emploie principalement dans un registre soutenu ou littéraire. On l’utilise pour souligner l’attitude de quelqu’un qui ignore délibérément un avertissement, un fait établi, un principe moral ou une contrainte. La locution apparaît fréquemment dans le domaine politique, médiatique ou littéraire pour qualifier un comportement considéré comme irrespectueux, imprudent ou contraire aux normes en vigueur.
La valeur péjorative attachée à l’expression demeure forte : faire fi de implique non seulement l’indifférence, mais un certain mépris conscient, ce qui explique son emploi privilégié dans les discours critiques ou argumentatifs. Ainsi, l’expression illustre la manière dont une interjection médiévale de dédain a évolué pour devenir une formule idiomatique marquant une attitude volontairement transgressive ou désinvolte face à ce qui devrait être considéré.
