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Lire plusExpression : ne connaître ni d’Ève ni d’Adam (définition, signification, origine, étymologie)
Définition et signification de l'expression ne connaître ni d’Ève ni d’Adam
- N’avoir jamais entendu parler de quelqu’un ou de quelque chose.
- Ignorer totalement l’existence d’une personne, sans lien direct ni indirect.
L’expression « ne connaître ni d’Ève ni d’Adam » signifie, au sens figuré, n’avoir aucun rapport, aucune connaissance, ni même la moindre information concernant une personne ou une réalité donnée. Elle insiste sur l’absence absolue de familiarité, que ce soit par contact direct, par réputation ou par l’intermédiaire d’autrui.
Origine et étymologie de l'expression ne connaître ni d’Ève ni d’Adam
L’expression prend appui sur les deux personnages fondateurs de la tradition judéo-chrétienne : Adam, premier homme créé par Dieu, et Ève, première femme façonnée à partir d’Adam. Tous deux sont considérés, dans la théologie chrétienne, comme les ancêtres de l’humanité entière. En invoquant Ève et Adam, l’expression souligne donc l’idée d’une filiation originelle et universelle, remontant aux « premiers parents » de l’humanité.
Par extension ironique, affirmer que l’on ne connaît quelqu’un « ni d’Ève ni d’Adam » revient à dire qu’on ne le connaît absolument pas, pas même par les plus anciens intermédiaires possibles. La formule est attestée dès la fin du XVIIᵉ siècle et apparaît notamment en 1700 dans un texte polémique intitulé Le Père Bouhours, Jésuite convaincu de ses calomnies anciennes et nouvelles contre Messieurs de Port-Royal, où l’on peut lire : « [...] une histoire et des bruits qui ont eu pour principal fondement la grossesse scandaleuse d'une fille qu’ils ne connaissaient ni d’Ève ni d’Adam. »
Cette attestation montre que l’expression était déjà solidement ancrée dans l’usage à cette époque, ce qui laisse penser qu’elle circulait probablement depuis plusieurs décennies.
Usage contemporain et extension du sens de l'expression ne connaître ni d’Ève ni d’Adam
Désormais, l’expression est toujours employée dans son sens figuré, pour marquer une absence totale de connaissance ou de familiarité. Elle est fréquente dans le langage courant, notamment pour insister sur l’absence de tout lien préalable avec une personne.
On trouve aussi des variantes humoristiques ou parodiques, telles que ne connaître ni des lèvres ni des dents, attestée dès 1908 et popularisée bien plus tard par des humoristes contemporains. Cette version joue sur une déformation phonétique et sur le registre corporel, mais elle conserve le même sens de méconnaissance absolue.
Ainsi, ne connaître ni d’Ève ni d’Adam illustre un mécanisme typique de la langue française : une expression d’origine religieuse et biblique, passée dans le registre profane, et qui a perduré grâce à son efficacité imagée, tout en s’enrichissant d’usages ironiques et familiers.