Expression : à l'eau de rose (définition, signification, origine, étymologie)

 

Définition et signification de l'expression à l'eau de rose

  • Qui manque de vigueur, de relief ; fade, mièvre.
  • Qui exprime une sentimentalité excessive, souvent jugée naïve ou artificielle.

L’expression « à l'eau de rose » qualifie, au sens figuré, une œuvre ou un discours empreint d’un sentimentalisme jugé excessif, superficiel ou peu réaliste. Elle s’emploie notamment pour désigner des productions littéraires ou audiovisuelles (romans, films, séries) considérées comme trop douces, trop convenues, voire dénuées de profondeur ou de complexité émotionnelle.

Cette locution est souvent utilisée de manière péjorative pour souligner la pauvreté de l’intrigue ou la naïveté du propos, notamment dans le cas des récits d’amour simplistes et prévisibles. Sur le plan stylistique, elle appartient au registre familier ou légèrement ironique, bien qu’elle soit largement passée dans l’usage courant.

Origine et étymologie de l'expression à l’eau de rose

L’expression puise son origine dans l’ancienne appellation de l’essence de rose. Connue sous le nom de « eau rose » au XVe siècle, puis de « eau de rose » à partir du XVIe siècle, cette substance était obtenue par distillation des pétales de rose. Elle était utilisée tant pour ses vertus médicinales que pour ses propriétés cosmétiques, évoquant douceur et délicatesse.

Selon le linguiste Alain Rey (1928-2020), la locution à l’eau de rose aurait émergé vers la fin du XIXe siècle, bien que des occurrences soient attestées dès le début du siècle, notamment en 1826 et 1833. L’écrivain et historien du langage Claude Duneton (1935-2012) en attribue quant à lui l’apparition à la fin du XVIIIe siècle, citant une pièce de théâtre de Dumoncel, L’intérieur des comités révolutionnaires. En réalité, la forme actuelle de cette expression est plus ancienne encore, puisqu’on la retrouve chez Voltaire dès 1759.

Toutefois, cette locution ne semble pas avoir connu un usage soutenu dans la littérature du XIXe siècle, probablement en raison de son caractère familier, peu compatible avec le style soutenu alors en vigueur dans les cercles littéraires. Son emploi s’est généralisé par la suite, notamment dans la presse et la critique culturelle.

Usage contemporain et extension du sens de l’expression à l’eau de rose

La formule à l’eau de rose s’est progressivement spécialisée pour qualifier des récits, des sentiments ou des postures perçus comme artificiellement tendres ou émotionnellement stéréotypés. Dans l’usage courant, elle renvoie principalement à une vision édulcorée de l’amour ou de la vie, souvent associée à des romans sentimentaux de faible qualité littéraire, d’où l’expression dérivée « roman à l’eau de rose ».

Cette métaphore est en partie fondée sur l’association symbolique entre la couleur rose — traditionnellement liée à la douceur, à la féminité et à l’innocence — et une forme d’émotion convenue ou condescendante. Elle conserve aujourd’hui une connotation critique ou ironique, en particulier dans les milieux littéraires, journalistiques ou cinématographiques, pour dénoncer un excès de bons sentiments, une absence de réalisme ou une simplification abusive des situations humaines.