Expression : jeter son dévolu (définition, signification, origine, étymologie)

Définition et signification de l'expression jeter son dévolu

• Fixer son choix de manière ferme et déterminée.
• Arrêter sa décision sur un objet, une personne ou une possibilité, avec l’intention de se l’approprier.

L’expression « jeter son dévolu » désigne, au sens figuré, l’action de porter son choix de façon résolue sur quelque chose ou quelqu’un, après réflexion ou hésitation. Elle implique souvent une volonté marquée d’appropriation, parfois teintée d’un sous-entendu de convoitise ou de captation, notamment lorsque l’objet du choix n’est pas librement disponible.

Origine et étymologie de l'expression jeter son dévolu

Le mot « dévolu » remonte au latin devolvere (« faire rouler vers », « échoir »). Il apparaît au XIVᵉ siècle en français, d’abord comme adjectif dans le langage juridique, avec le sens de « conféré » ou « attribué ». Rapidement, il est également attesté comme nom masculin pour désigner un droit ou un bien qui « échoit » à une autorité légitime.

Dans le contexte ecclésiastique médiéval, on parlait ainsi de « bénéfices dévolus » : lorsqu’un clerc était jugé indigne ou qu’un bénéfice religieux devenait vacant, celui-ci « échoit » alors au pape, qui pouvait le redistribuer. Ce mécanisme, appelé dévolution, donna parfois lieu à des abus : certains ecclésiastiques dénonçaient leurs confrères, parfois injustement, dans l’espoir de voir leurs possessions « dévolues » à l’autorité pontificale, puis redistribuées à leur profit.

C’est à partir de cette idée d’attribution d’un bien vacant qu’est née l’expression jeter son dévolu. À l’origine, elle suggérait non seulement le fait de choisir, mais aussi celui de revendiquer pour soi quelque chose au détriment de son détenteur initial. L’image est proche de celle d’un filet lancé sur une proie : choisir, c’est aussi s’emparer.

Usage contemporain et extension du sens de l'expression jeter son dévolu

Depuis la fin du XVIIᵉ siècle, l’expression jeter son dévolu s’est stabilisée dans le sens figuré que nous lui connaissons aujourd’hui : « arrêter fermement son choix ». Elle conserve néanmoins une nuance de détermination forte, comme si le choix impliquait une captation exclusive.

De nos jours, elle s’emploie dans des contextes variés, aussi bien littéraires que courants, pour exprimer une préférence arrêtée après réflexion ou hésitation. Toutefois, le sens ancien subsiste en arrière-plan : dans certaines occurrences, l’expression laisse encore transparaître une idée de désir de possession, parfois jugé excessif ou intrusif (par exemple lorsqu’un individu « jette son dévolu » sur une personne indisponible).

Ainsi, jeter son dévolu illustre un glissement sémantique : d’une notion juridique de transfert de droit ou de bien, elle est devenue une métaphore du choix résolu, tout en conservant une coloration imagée de convoitise et d’appropriation.