Pétaouchnok(s)

Pétaouchnok(s) : Du bout du monde au milieu de nulle part

 
Pétaouchnok(s) – Un voyage entre géographie réelle et imaginaires du lointain
TITRE : Pétaouchnok(s) : Du bout du monde au milieu de nulle part
AUTEUR : Riccardo Ciavolella
ÉDITEUR : La Découverte
DATE DE PUBLICATION : 12 octobre 2023
NOMBRE DE PAGES : 416 pages
 PUBLIC : Lecteurs curieux, passionnés d’anthropologie, amateurs de voyages imaginaires, linguistes, explorateurs du quotidien
TYPE : Essai – dictionnaire toponymique et atlas imaginaire
CONTENU :
  • 80 entrées illustrées consacrées aux « lieux du bout du monde »
  • Études linguistiques, historiques et géographiques
  • Analyse du rapport entre réel et imaginaire dans les toponymes
  • Exploration des représentations culturelles du lointain
  • Réflexions sur les centres, les périphéries et les imaginaires colonisés
  • Regards croisés entre anthropologie, littérature et mythologie

Pétaouchnok(s) propose un voyage érudit et sensible à travers ces lieux réels ou imaginaires qui, dans toutes les langues du monde, désignent le bout du monde, le trou perdu ou l’ailleurs insaisissable. En croisant anthropologie, géographie, histoire et littérature, Riccardo Ciavolella révèle la puissance symbolique de ces toponymes qui traversent notre imaginaire collectif.

Une exploration du lointain : entre réalité géographique et invention linguistique

Si « Pétaouchnok » semble évoquer un lieu fictif, l’ouvrage montre au contraire que la plupart de ces noms renvoient à des espaces bien réels. De Bab-el-Oued à Tombouctou, de Podunk à la Conchinchina, de Houtsiplou aux îles Mouk Mouk, chaque entrée éclaire la manière dont les langues construisent leur propre géographie de l’éloignement. Ces lieux deviennent les métaphores d’un ailleurs difficile à saisir : villages perdus, confins méconnus, territoires rejetés ou fantasmés.

À travers quatre-vingts notices richement documentées, l’auteur retrace l’origine de ces toponymes, leur évolution idiomatique et leur fonction symbolique. Loin d’être de simples curiosités linguistiques, ils disent quelque chose de notre rapport au monde, de ce qui est perçu comme centre ou comme marge, de ce qui est valorisé ou relégué hors du champ.

Entre savoir anthropologique et récit littéraire

Anthropologue et chercheur au CNRS, Riccardo Ciavolella mobilise ici toute la finesse de son regard scientifique. Mais il adopte également une écriture plus libre, presque poétique, pour rendre compte de la manière dont ces noms résonnent dans l’imaginaire collectif. Le livre se lit autant comme un essai rigoureux que comme un atlas subjectif où chaque lieu devient une porte d’entrée vers d’autres mondes.

Ces Pétaouchnok(s) racontent l’histoire des rapports de domination entre centres impériaux et périphéries oubliées. Ils révèlent les visions parfois racistes ou condescendantes intégrées dans les appellations vernaculaires. Mais ils montrent aussi que ces lointains supposés peuvent se transformer en espaces de liberté, de résistance ou de création.

Un voyage intellectuel et sensible

Dense mais captivant, l’ouvrage parle autant aux voyageurs qu’aux amateurs de récits culturels. Il interroge la manière dont les sociétés nomment ce qui leur échappe et fabrique du lointain à partir du langage. Chaque toponyme devient alors un fragment d’histoire, une trace d’imaginaire ou le reflet d’un rapport de force.

Par son érudition accessible et sa richesse d’analyse, Pétaouchnok(s) ouvre une réflexion sur la manière dont nous habitons le monde, dont nous imaginons ses marges et dont nous projetons sur elles nos propres représentations. Un livre à la fois géographique et humaniste, qui invite à revenir sur Terre pour mieux comprendre ceux que l’on désigne comme « au bout du monde ».

Référence : Riccardo Ciavolella, Pétaouchnok(s) : Du bout du monde au milieu de nulle part, La Découverte, 12 octobre 2023. 416 pages.