Pro Dillinger & Bucky Luger - Don't Feed the Animals (chronique, review, tracklist)

Don't Feed the Animals est un EP de sept titres signé par Pro Dillinger et entièrement produit par Bucky Luger, publié le 31 juillet 2024, qui confirme le statut de l'artiste comme figure incontournable du hip-hop underground.

Figure incontournable de la scène hip-hop underground, Pro Dillinger revient avec un projet incisif : Don’t Feed The Animals, un EP de sept titres entièrement produit par Bucky Luger. Ce tandem signe une œuvre brute et sans compromis, où chaque morceau dévoile une facette de l’univers de l’artiste new-yorkais, porté par des productions sombres et organiques qui soulignent l’intensité de son écriture.

Dès l’ouverture avec “Life”, le ton est donné. Sur une production minimaliste et hantée, Pro Dillinger livre un récit introspectif, évoquant les épreuves et la résilience qui façonnent son parcours. La tension monte avec “Wolves Out”, véritable manifeste de la rue où l’énergie crue et les rimes acérées traduisent la dureté de son environnement. La narration prend une dimension cinématographique sur “Once Upon A Nine”, sublimée par l’alchimie avec Jamal Gasol. Ensemble, ils brossent un tableau sans fard de la vie dans la rue, sur une production pesante qui amplifie la noirceur du propos.

La profondeur thématique se poursuit avec “What’s The World”, où Daniel Son rejoint Dillinger pour questionner la marche du monde et leur place dans un système en crise. Plus assuré et bravache, “Smoke” convie Vic Spencer pour un échange tranchant, où les punchlines fusent sur une instru toujours signée Bucky Luger, à la fois rugueuse et élégante. L’introspection reprend ses droits avec “What I’m Askin”, morceau marqué par un récit sur la loyauté, la trahison et la survie, soutenu par une atmosphère mélancolique. Enfin, l’EP se referme sur “True”, synthèse parfaite de l’univers de Pro Dillinger : dense, authentique et fidèle à l’esprit du hip-hop sans artifice.

Au-delà de la qualité des textes, Don’t Feed The Animals brille par la synergie entre Pro Dillinger et Bucky Luger. Le producteur déploie un univers sonore sombre et cohérent, qui épouse à merveille le flow brut et l’écriture viscérale du rappeur. L’ensemble se tient comme un bloc solide, à la fois ancré dans la tradition new-yorkaise et ouvert à une sensibilité contemporaine.

Avec ce projet, Pro Dillinger confirme son statut de porte-flambeau du rap underground. Don’t Feed The Animals n’est pas seulement une collection de morceaux, mais un récit fragmenté qui capte l’essence d’une expérience urbaine, entre désillusion et combativité. Une œuvre qui exige l’écoute attentive et qui, par sa sincérité, s’impose comme l’une des sorties marquantes du hip-hop indépendant.

Tracklist (liste des titres)