Les origines des notes de musique © Pixabay

Les origines des notes de musique : à la découverte des précurseurs

 

La musique, depuis des temps immémoriaux, a été un langage universel qui transcende les frontières et les cultures. Mais qui donc a eu l'idée d'inventer les notes de musique telles que nous les connaissons aujourd'hui ? Plongeons dans les méandres de l'histoire pour découvrir les origines de ce système musical fascinant.

Les premières traces de notation musicale et contributions des anciennes civilisations

Les premières traces de notation musicale remontent à l'Antiquité, même si les historiens supposent que des formes de musique étaient probablement transmises de manière orale. Aussi, les premiers systèmes de notation ont naturellement émergé afin de faciliter l'apprentissage et la transmission des mélodies. L'une des premières notations musicales connues remonte à la civilisation sumérienne, datant d'environ 2000 avant J.-C. Cependant, ces premières notations sont très rudimentaires, utilisant des symboles simples pour représenter des sons musicaux de base.

En Égypte, les hiéroglyphes peints sur les parois des temples et des tombes fournissent également des indices sur la musique de l'époque. Bien que ces hiéroglyphes ne représentent pas directement une notation musicale, ils dépeignent souvent des scènes de musiciens jouant d'instruments de musique. De plus, des fragments de papyrus contenant des hymnes et des chants ont été découverts, suggérant que la musique avait une place importante dans la vie quotidienne et les rituels religieux de l'Égypte ancienne.

Représentation d'un chanteur et d'un joueur de lyre divertissant les invités lors d'un banquet en l'an 2500 avant l'ère chrétienne

Représentation d'un chanteur et d'un joueur de lyre divertissant les invités lors d'un banquet en l'an 2500 avant l'ère chrétienne. La musique faisait partie intégrante de la vie sociale en Mésopotamie. | © British Museum

Plus tard, les anciens Grecs apportent des contributions significatives. Ils utilisent alors un système de notation, appelé le « système des tétracorde », qui consiste à diviser la gamme musicale en groupes de quatre notes, les lettres de l'alphabet grec représentant les différentes notes de musique. Cependant, ce système est principalement usité pour transcrire la musique vocale plutôt que la musique instrumentale. Des théoriciens de la musique tels que Pythagore (580 av. J.-C. - 495 av. J.-C.) et Aristoxène (360 av. J.-C. - 300 av. J.-C.) apportent aussi des idées et des concepts concernant l'harmonie et la musique, jetant ainsi les bases de la théorie musicale occidentale. Ces contributions des anciennes civilisations posent les bases de la notation musicale, ouvrant la voie à des développements ultérieurs dans le domaine de la musique.

L'essor du système de notation musicale moderne et les contributions clés

Au Moyen Âge, la notation musicale connaît un développement significatif avec l'apparition des « neumes », des signes graphiques servant à indiquer la mélodie dans le chant grégorien. Il s'agit d'annotations simples placées au-dessus du texte des chants liturgiques afin de guider les chanteurs quant à la hauteur relative des notes. Néanmoins, ces premières notations ne permettaient pas de représenter avec précision la durée des notes ni les nuances expressives de la musique.

Cependant, c'est dans le monde islamique médiéval que la notation musicale fait d'énormes progrès. Le philosophe, mathématicien et musicien persan du IXe siècle, Al-Farabi (872-950) nommé Alpharabius en Occident, est réputé pour ses travaux sur la musique, notamment son traité Kitab al-Musiqi al-Kabir (Le grand livre de la musique), dans lequel il développe une théorie complète sur la musique basée sur les mathématiques et la philosophie aristotélicienne. De même, le polymathe persan du Xe siècle Ibn Sina (980-1037), plus connu en Europe sous le nom d'Avicenne, est célèbre pour ses contributions dans divers domaines, dont la médecine, la philosophie et la musique. Dans son ouvrage intitulé Kitab al-Najat (Le livre de la délivrance), Avicenne aborde des aspects de la musique, notamment son rôle dans l'éducation et le développement intellectuel, ainsi que ses effets sur les émotions humaines. Ses écrits ont eu une influence significative sur le développement ultérieur de la théorie musicale dans le monde islamique avant d'être transmis en Europe par le biais des contacts entre les mondes islamique et occidental.

Hymne à Saint Jean Baptiste utilisé par Guido d'Arezzo pour nommer les six notes de l'hexacorde (notation moderne)

Hymne à Saint Jean Baptiste utilisé par Guido d'Arezzo pour nommer les six notes de l'hexacorde (notation moderne). | © Wikimedia Commons

Ce n'est que plus tard, avec le développement de la polyphonie à la Renaissance, que la notation musicale atteint un niveau de sophistication plus élevé avec l'introduction de la notation rythmique moderne, permettant par exemple de retranscrire une musique complexe interprétée par plusieurs voix simultanées. Des innovations émergent pour répondre à ce besoin croissant de précision. Le fameux système de solfège syllabique ou « solmisation », attribuant les syllabes Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si aux notes de la gamme, est attribué à Guido d'Arezzo (992-1033), un moine bénédictin italien du XIe siècle. Ce système de notation, basé sur des lignes et des espaces, permet de représenter la hauteur des notes de manière précise. Autant dire que ce système révolutionne en profondeur l'enseignement de la musique en Europe, jetant les bases du système de notation moderne que nous utilisons encore aujourd'hui. Par la suite, Johannes Gutenberg (1400-1468), l'inventeur de l'imprimerie à caractères mobiles, contribue également à la diffusion du savoir musical en imprimant des partitions musicales.

Le musicien et théoricien espagnol Tomás de Santa María, connu sous le nom de Durand de Mendoza, développe dans son ouvrage Arte de tañer fantasia (1565) un système de notation musicale au sein duquel chaque chiffre correspond à un degré de la gamme, avec des indications supplémentaires sur la durée et le rythme des notes. Bien que la notation de Durand de Mendoza n'ait pas été largement adoptée dans la pratique musicale, elle a toutefois contribué à l'évolution des systèmes de notation musicale en introduisant des concepts innovants qui ont influencé les développements ultérieurs dans ce domaine.

Le système de notation musicale inventé par Guido d'Arezzo a révolutionné en profondeur l'enseignement de la musique

Le système de notation musicale inventé par Guido d'Arezzo a révolutionné en profondeur l'enseignement de la musique. | © Pavel Danilyu

Ces systèmes permettent aux compositeurs de l'époque comme Josquin des Prez (1450-1521) et Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594), d'employer des notations plus précises, facilitant ainsi l'interprétation de la musique complexe et la transmission fidèle de leurs compositions. Ce développement permet indéniablement une transmission quasi « scientifique » de la musique, contribuant ainsi à l'évolution de la composition musicale.

Dans cette exploration des origines de la notation musicale et du système de solfège, nous avons découvert un héritage riche et varié, témoignant de la créativité et de l'ingéniosité des sociétés humaines à travers les siècles. De l'Antiquité à l'époque médiévale, les civilisations ont développé des systèmes de notation pour représenter/transmettre la musique, reflétant ainsi l'importance de cet art universel qui transcende les frontières culturelles et linguistiques.

En contemplant ce voyage à travers l'histoire de la musique, nous sommes invités à réfléchir à la manière dont cet héritage millénaire continue de façonner nos expériences auditives et culturelles. Que ce soit en écoutant les mélodies envoûtantes d'une symphonie classique ou en dansant sur les rythmes endiablés d'une chanson populaire, la musique éveille nos émotions et nourrit notre esprit. Puissent ces réflexions nous inspirer à explorer davantage les innombrables facettes de la musique et à apprécier pleinement son pouvoir sociétal unificateur.

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