Il n'existe aucune certitude quant à l'origine de l'expression passer une nuit blanche Il n'existe aucune certitude quant à l'origine de l'expression « passer une nuit blanche » | © cottonbro studio

Expression : nuit blanche (définition, signification, origine, étymologie)

 

Définition et signification de l'expression nuit blanche

  • Nuit sans sommeil.
  • Nuit durant laquelle une personne reste éveillée.
  • Nuit complète sans repos nocturne, sans avoir dormi auparavant.

L’expression « nuit blanche » désigne, dans son acception la plus courante, une nuit passée sans dormir, que ce soit de manière volontaire (dans le cadre d’activités festives, de travail ou d’étude) ou involontaire (en raison d’insomnie, d’inquiétude ou de stress). Cette locution insiste sur l'absence totale de sommeil, différenciant ainsi une « nuit agitée » ou une « nuit écourtée » d’une nuit entièrement veillée. Le terme s’emploie également de manière figurée pour souligner la fatigue ou l’impact physique et mental d’un tel épisode.

Sur le plan linguistique, l’adjectif « blanc » fonctionne ici comme un marqueur d’absence ou de neutralité, un usage fréquent dans la langue française, où il évoque l’incomplétude, le vide ou l’inefficacité d’un acte.

Origine et étymologie de l'expression nuit blanche

L’origine exacte de l’expression nuit blanche demeure incertaine, bien que plusieurs hypothèses aient été formulées à ce sujet.

La plus ancienne attestation connue de cette locution remonte au XVIIIe siècle. Dans une lettre datée du 30 octobre 1771, la marquise du Deffand, alors âgée de 74 ans, écrit à son correspondant Horace Walpole :

« Vous saurez que j'ai passé une nuit blanche, mais si blanche, que depuis deux heures après minuit que je me suis couchée, jusqu'à trois heures après-midi que je vous écris, je n'ai pas exactement fermé la paupière ; c'est la plus forte insomnie que j'ai jamais eue. »

Faute d’occurrences antérieures identifiées dans la littérature française, certains auteurs attribuent l’invention de l’expression à cette femme de lettres. Toutefois, des emplois postérieurs mais rapprochés laissent penser qu’il s’agissait peut-être d’une tournure déjà existante, bien que peu répandue à l’époque.

L’hypothèse la plus plausible quant à la formation de l’expression repose sur la valeur symbolique de l’adjectif « blanc », souvent utilisé dans la langue française pour signaler un manque ou une absence. Plusieurs expressions illustrent cet usage :

  • Vote blanc : absence de choix politique exprimé.
  • Faire chou blanc : absence de résultat ou d’effet.
  • Examen blanc : épreuve sans conséquence réelle.
  • Tir à blanc : décharge sans projectile réel.
  • Mariage blanc : union sans relation conjugale effective.
  • Voix blanche : voix sans timbre, dénuée de vigueur.

Dans cette perspective, une « nuit blanche » renvoie à une nuit sans sommeil, tout comme un « tir à blanc » s’effectue sans munitions réelles.

Usage contemporain et hypothèses complémentaires sur l'expression nuit blanche

Plusieurs hypothèses secondaires ont été avancées, bien qu'elles soient historiquement discutables. La première associe la « nuit blanche » à la cérémonie médiévale de la veillée d’armes. À la veille de leur adoubement, les futurs chevaliers veillaient en prière dans une tenue blanche symbolisant leur pureté. Toutefois, cette tradition du XIIe siècle semble trop éloignée temporellement de la première attestation écrite de l’expression pour en constituer une origine directe.

Une autre hypothèse, plus vraisemblable, évoque les « nuits blanches » de Saint-Pétersbourg. Durant l’été, la capitale impériale russe connaît un phénomène astronomique où le soleil ne disparaît jamais complètement sous l’horizon, entraînant des nuits claires. Ces conditions ont donné lieu à de nombreux bals et festivités sans interruption, en particulier au XVIIIe siècle, période où la cour russe accueillait de nombreux francophones. L’expression pourrait ainsi avoir été ramenée en France par des visiteurs séduits par ces célébrations lumineuses et insomniaques.

Enfin, l’usage contemporain a également évolué : depuis la fin du XXe siècle, de nombreuses métropoles organisent des événements culturels nocturnes sous l’appellation nuit blanche, valorisant l’art, la musique et la déambulation urbaine jusqu’au lever du jour. Cette appropriation moderne renforce la dimension poétique et collective d’une nuit sans sommeil, désormais associée autant à la création qu’à la privation de repos.