Découvrez les monuments historiques, architecturaux, culturels et insolites les plus spectaculaires.
Lire plusTulum : La cité maya fortifiée face à la mer des Caraïbes
Situé sur la côte est de la péninsule du Yucatán, au Mexique, Tulum est l'un des sites archéologiques les plus emblématiques de la civilisation maya. Perché sur une falaise surplombant la mer des Caraïbes, ce site fortifié se distingue par son cadre exceptionnel et son rôle majeur dans le commerce maritime et terrestre des Mayas.
Histoire de Tulum : une ville commerçante et un relais pour les échanges
Origine du nom et contexte historique
Dans les temps anciens, la ville portait le nom maya de Zamá, signifiant « Cité de l'aube », en raison de son orientation vers le lever du soleil. Le nom actuel, Tulum, qui se traduit par « muraille », « clôture » ou bien encore « palissade » en maya, n’aurait été utilisé qu’à partir de l’époque où la cité était déjà en ruines. Tulum se distingue comme une ville portuaire et un centre religieux important, son histoire, son architecture et son cadre naturel étant le reflet du génie maya.
Fondation, développement commercial et rôle religieux
Fondée vers 564, comme le suggèrent certaines inscriptions, Tulum a initialement servi de port de pêche et de centre commercial pour la cité maya de Cobá, qui a atteint son apogée vers l’an 650. Des artefacts tels que des objets en silex, des poteries, de l’obsidienne, du jade, ainsi que des grelots et anneaux en cuivre témoignent de l'importance des échanges. Bien que certains éléments reflètent le style classique maya, la plupart des vestiges datent de la période postclassique tardive (après 1200 de l'ère chrétienne), avec des influences mixtèques observables dans certaines fresques.
Lithographie publiée par Frederick Catherwood (1799–1854) en 1844. Cette illustration historique offre un aperçu précieux des ruines de la cité maya de Tulum, telles qu'elles apparaissaient au XIXe siècle, redécouvertes par Catherwood et son collègue John Lloyd Stephens lors de leurs explorations en Mésoamérique. | © Rashmi.parab
À partir de 1250, Tulum acquiert un statut de premier plan en raison de sa position stratégique sur la côte caraïbe. La ville devient alors un centre civique, administratif, religieux et résidentiel, jouant un rôle clé dans le commerce régional. Elle servait de point de relais pour les échanges entre les régions côtières et les terres intérieures. Des routes maritimes reliaient Tulum à des centres tels que Cobá et Chichen Itzá, ainsi qu'à des villes plus éloignées, notamment dans les régions actuelles du Honduras et du Nicaragua. Les biens échangés à Tulum comprenaient des produits de luxe tels que le sel, le jade, les plumes de quetzal et le cacao, attestant de la prospérité économique de la cité.
Les recherches archéologiques montrent que Tulum n'était pas seulement un centre d'échanges commerciaux, mais aussi un lieu de pratiques religieuses et d'observations astronomiques. Certains bâtiments principaux de la ville semblent avoir été orientés à des fins astronomiques, en lien avec la cosmologie maya. Des objets retrouvés sur le site, provenant de régions telles que l'Amérique centrale et les Hautes Terres du Guatemala, confirment l'ampleur des échanges à longue distance.
Conquête espagnole, redécouverte du site et postérité
À son apogée, entre les XIIIe et XVe siècles, Tulum était probablement une plaque tournante commerciale importante pour les Mayas en raison de sa situation favorable sur la mer et de son système de défense avancé. Lors de la conquête de l'Amérique, l'aumônier et chroniqueur espagnol Juan Díaz, membre de l'expédition de Juan de Grijalva, est le premier à mentionner Tulum en 1518, comparant la taille de la ville à celle de Séville. Cependant, Tulum continue à être un centre religieux païen et les Mayas occupent encore le site pendant environ 70 ans après la conquête espagnole, avant d’être définitivement abandonné à la fin du XVIe siècle.
Vue aérienne des ruines de Tulum. | © Dronepicr
Le site est « redécouvert » au début du XIXe siècle par les explorateurs John Lloyd Stephens et l’architecte Frederick Catherwood, qui furent parmi les premiers à documenter et illustrer le site. Leur travail a attiré l'attention internationale sur la grandeur des civilisations précolombiennes du Mexique.
Architecture et urbanisme de la cité maya de Tulum
Enceinte défensive et fortifications
Le site de Tulum est protégé par une enceinte défensive en pierre sur trois côtés, avec des murs d'environ 5 mètres de hauteur, tandis que le quatrième côté est défendu par des falaises abruptes surplombant la mer. Ce système de fortification est unique parmi les villes mayas, témoignant de l'importance de la défense pour les habitants de Tulum.
Tulum se distingue par deux murailles, extérieure et intérieure. Épaisse de 6 mètres et haute de 4 mètres, la muraille externe, baptisée « Grande Muraille », entoure les trois côtés du secteur principal, couvrant une surface rectangulaire de 380 mètres du nord au sud et 170 mètres d’est en ouest. Elle abrite des temples, des autels, des tombes et des édifices réservés à l'élite dirigeante, ce qui explique qu'elle n'est accessible que par cinq entrées : une au centre du mur ouest, deux au nord, et deux au sud. La population vivait principalement en dehors de cette enceinte, sur une zone de 5 km le long de la côte.
Plan central de Tulum, mettant en évidence la disposition des principaux édifices et structures de la cité maya, offrant une vision d'ensemble de son urbanisme complexe et de ses murailles défensives. | © Hobe / Holger Behr
Ruine maya sur le site archéologique de Tulum. | © Richard Kelly
À l'intérieur, une seconde muraille mesurant environ 30 mètres sur 50 et regroupant les principaux édifices autour d’un patio, est dotée de seulement trois accès : deux sur le côté occidental et un sur le côté sud. Elle assure ainsi une protection supplémentaire, illustrant une nouvelle fois l'importance accordée à la défense du site.
Principaux bâtiments de Tulum
Les bâtiments principaux sont concentrés dans une zone restreinte. Le monument le plus important est incontestablement El Castillo, une structure massive dominant la falaise. Plus haut édifice de la cité, il servait à la fois de temple et de phare pour les navires, grâce à des ouvertures dans ses murs permettant de guider les marchands avec la lumière des torches.
El Castillo, une structure massive dominant la falaise, est le plus haut édifice de Tulum. | © Clarence Michel
La religion jouait un rôle central dans la vie quotidienne de cette cité à l'époque précolombienne, et la plupart des bâtiments étaient dédiés aux rituels religieux. Un temple, dédié au Dieu Descendant, une divinité unique à Tulum, reflète l'importance des phénomènes célestes et naturels dans la cosmologie maya. En effet, l'orientation du temple laisse supposer un lien avec l’observation astronomique. L'édifice repose sur une plateforme simple, avec une pièce unique et deux banquettes latérales.
Temple du Dieu du Vent à Tulum, Mexique. | © Christophe Girard-Berthet
Le Temple des Fresques est un autre édifice notable, présentant des peintures murales en bon état, représentant des divinités mayas telles qu'Itzamna, créateur du monde selon les Mayas. La façade arbore des moulures ornées de rosaces, de figures humaines et de spirales entrelacées, ainsi qu'une niche au-dessus de l'entrée. L'architecture de ce temple témoigne de plusieurs phases de construction, et il servait également de calendrier astronomique, avec des ouvertures permettant à la lumière de marquer des moments clés de l'année.
Temple des fresques, le mieux conservé de Tulum. | © Carlos Delgado
La Maison du Halach Uinic ou « maison du grand seigneur », est le plus grand bâtiment de Tulum. Avec 13 entrées, dont six sur la façade principale, ce bâtiment présente une architecture remarquable, ornée autrefois de figures en stuc. Il reste aujourd'hui une sculpture représentant le Dieu Descendant, divinité principale de Tulum, au-dessus de l’entrée centrale.
Maison du Halach Uinic, le plus grand bâtiment de Tulum. | © Carlos Delgado
La Maison des colonnes, en forme de L, repose sur une large base avec une grande entrée principale soutenue par quatre colonnes. L'intérieur spacieux, avec des fenêtres et un toit plat, était typique des constructions mayas. Le bâtiment comportait un petit autel central et plusieurs pièces intérieures, probablement utilisées pour des cérémonies religieuses.
Située au nord du site, la Maison du cénote abritait un cénote sacré, considéré comme une source vitale pour les Mayas et une entrée vers l'inframonde. L'édifice, érigé en deux étapes, comprend initialement une maison de deux pièces, à laquelle une petite pièce a été ajoutée ultérieurement, accessible par un escalier. La demeure possède quatre couloirs, dont l'un est doté d'un portique et d'un sanctuaire.
Surplombant la mer des Caraïbes aux eaux turquoise, Tulum offre une vue spectaculaire qui valorise ses édifices. | © Giulia Fiori
La Maison du Chultun, construite face au Temple des Fresques, était probablement la résidence d'un fonctionnaire important. L’édifice, dont la façade principale s'est partiellement effondrée, se distingue par son portique à deux colonnes, son long couloir central et une excavation (chultun, d'où son nom) dans l'angle sud-ouest, utilisée pour stocker l'eau de pluie, les récoltes, et parfois pour des enterrements ou des ordures ménagères.
Tourisme et préservation du site de Tulum
Bien que le site de Tulum soit modeste en taille (6 km le long de la côte) comparé à d'autres cités mayas comme Cobá ou Chichen Itza, il bénéficie d'un emplacement unique. Surplombant la mer des Caraïbes aux eaux turquoise et perché sur un promontoire rocheux, Tulum offre une vue spectaculaire qui valorise ses édifices.
Situé dans la célèbre Riviera Maya de l'État de Quintana Roo, Tulum est désormais l'un des sites mayas côtiers les mieux préservés, et sa popularité en tant que destination touristique ne cesse de croître. Il s'agit le troisième site archéologique le plus visité du Mexique, après Teotihuacan et Chichen Itza, avec plus de 2,2 millions de visiteurs annuel.
Tulum est également réputé pour ses plages paradisiaques. | © _Sebastien
La destination est divisée en six zones principales : le site archéologique, le Pueblo (ou ville), la Zona Hotelera (zone hôtelière en bord de mer), l'Aldea Zama (un quartier résidentiel moderne situé au sud du Pueblo, qui allie développement urbain et nature, avec des villas, des complexes d'appartements et des commerces), La Veleta (une zone en pleine expansion au sud-ouest du Pueblo, connue pour son atmosphère bohème et ses résidences privées) et la réserve de biosphère de Sian Ka'an (un site protégé classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, riche en biodiversité). Tulum est également réputé pour ses plages paradisiaques telles que Playa Paraiso, Playa Ruinas, Playa Akumal, et Papaya Playa, parmi d'autres.
Les principales préoccupations liées à la conservation du site incluent la protection des fresques et des structures en pierre, notamment vulnérables à l'érosion maritime et au tourisme de masse. Des efforts sont en cours, menés par les autorités mexicaines en collaboration avec des chercheurs et des archéologues, afin de préserver ce patrimoine tout en favorisant une meilleure compréhension de la civilisation maya.
Les principales préoccupations pour la préservation du site incluent la sauvegarde des fresques et des constructions en pierre. | © ch.harster
Le site archéologique de Tulum est un témoignage remarquable de la dernière phase de la civilisation maya, illustrant l’importance du commerce, de la religion et de l’astronomie dans la culture mésoaméricaine. Avec ses structures majestueuses, ses fresques quasiment intactes et son rôle de centre névralgique dans les échanges commerciaux, Tulum reste l’un des lieux les plus fascinants pour découvrir l’histoire des Mayas.
Ressources bibliographiques :
- Raymond V. Sidrys, "Classic Maya Obsidian Trade", American Antiquity, vol. 41, no. 4, Society for American Archaeology, Oct. 1976, pp. 449–464.
- Michael D. Coe, The Maya, Thames & Hudson Ltd, 2015.
- Robert J.Sharer and Loa P. Traxler, The Ancient Maya, Stanford University Press, 2005.
- Nicholas J. Saunders, The Peoples of the Caribbean: An Encyclopedia of Archeology and Traditional Culture, ABC-CLIO, 2005.
- Marilyn A. Masson and David Freidel, Maya E-Groups, Calendars, Astronomy, and Urbanism in the Early Lowlands, University Press of Florida, 2017.
- Mary Ellen Miller, The Art of Mesoamerica: From Olmec to Aztec (World of Art), Thames & Hudson, 2019.